Wednesday, April 04, 2007

Citation du 5 avril 2007

Il y a de la musique dans le soupir du roseau ; Il y a de la musique dans le bouillonnement du ruisseau ; Il y a de la musique en toutes choses, si les hommes pouvaient l'entendre.

Lord Byron

Il y a de la musique seulement si les hommes peuvent l’entendre.

Quel est le mode d’existence de la musique ? Où existe-t-elle ? Dans l’oreille ? Dans la sensibilité du mélomane ? Dans les signes typographiques qui l’impriment sur du papier ?

Questions oiseuses ? Et pourtant depuis longtemps on se pose ces questions. Déjà Bergson (1) soulignait que la mélodie n’est pas une addition de notes, mais l’ensemble constitué par leur succession, c’est un changement sans rien qui bouge, une succession inanalysable. Changez une seule note de la mélodie : ce n’est plus la même. Changez la durée d’une seule note : la mélodie change. Changez le phrasé : vous n’entendez plus la même mélodie. C’est ça que les mélomanes ont du mal à faire comprendre : pour eux les diverses interprétations de la même composition renouvellent toute l’œuvre musicale, tout autant que la nouvelle improvisation de jazzman renouvelle le thème.

La musique n’existe pas simplement dans la partition musicale, d’où l’inutilité des interrogations sur l’authenticité de l’exécution d’une œuvre du passé. Jouer Mozart sur la piano de Mozart, en consultant son manuscrit : très beau. Mais prétendre qu’on joue comme Mozart voulait qu’on le joue : on ne le saura jamais (2).

Alors, la musique, si elle n’est pas sur la page imprimée, où est-elle ? Dans le gosier qui la chante ? Dans l’oreille qui l’entend ? On raconte que les ethnologues ont fait l’expérience de faire entendre à des indigènes (d’Amazonie je crois) des œuvres musicales occidentales : ils n’ont absolument pas réagi, sauf à Mozart. Le divin Amadeus… Moi qui ai horreur des vaches sacrées, je n’en crois rien. La musique n’existe que reliée à une attente, même et surtout si elle doit s’en écarter, innover par rapport à elle. Elle est solidaire d’une culture, d’une histoire, et, à l’intérieur de ça, elle est solidaire d’une action : exécution, écoute…

Là dessus ne me demandez pas en plus quelles sont les limites de la musique : les variations pour une porte et un soupir, c’est de la musique ? (3)

Et les Fatals Picards, ils font de la musique ?

Hein ? Vous êtes sourd… Bon, ça va.


(1) Bergson, la perception du changement, in la pensée et le mouvantconsulter ici : c’est la 2ème conférence, p. 105)

(2) Vous imaginez, Gustav Leonhardt qui joue les Goldberg sur son clavecin, et Bach qui sort de terre pour le traiter d’âne…

(3) Voir ici


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