Liberté, égalité, fraternité! Paroles vaines, funestes même, depuis qu'elles sont devenues politiques; car la politique en a fait trois mensonges.
Louis Veuillot
Louis Veuillot voit dans la défaite de Napoléon III à Sedan (le 1er septembre 1870), un châtiment divin. Ça ne vous dit rien ? Mais oui, bien sûr : Pétain en 1940 affirmant que la France payait ses fautes pour les quelles il s’offrait en victime expiatoire (1).
Et pourquoi ce châtiment ? A cause de la politique étrangère de Napoléon III, qui porte atteinte à l’autorité du Très-Saint-Père… Bref, ce n’est pas un apôtre des Lumières.
Discuter sa citation, c’est néanmoins l’occasion de réfléchir au sens politique de la devise de la République.
- Veuillot : pas de liberté en dehors de celle que Dieu nous a donné : ça veut dire que nous sommes responsables de nos péchés et que notre seule véritable liberté est de choisir de se prosterner devant Lui. En revanche, politiquement, ça veut dire être maître de son avenir en tant qu’on peut choisir ce que doit être bien public, en tant que citoyen responsable. Mensonge ? Oui, à condition d’admettre que nous ne pouvons faire notre Salut tout seul. Non si on estime que le Salut n’existe pas.
- Veuillot : pas d’égalité en dehors de celle d’être tous également aimés de Dieu. Mais je ne sais pas trop jusqu’où ça va, puisque la Bible regorge d’exemple d’inégalité de traitement entre les hommes (à commencer par Caïn (2)). L’égalité politique, quant à elle, consiste simplement à ne pas tenir compte des différences entre les individus lorsqu’il s’agit de définir l’orientation politique : suffrage universel.
- Veuillot : pas de fraternité en dehors de la religion. Nous sommes tous les enfants de Dieu, nous sommes donc tous frères, parce que nous avons tous le même père ; c’est donc la seule fraternité qui vaille. Quant à la fraternité politique… mais là j’hésite : où est-ce qu’il a vu, Veuillot qu’il y avait un usage « politique » du concept de fraternité ?
Encore un qui confond la devise de la République française avec sa constitution (dans le texte de 1958 - toujours valable en 2007 - la fraternité désigne l’attitude de la France vis-à-vis … des peuples d’Outre-mer : ça ne s’invente pas : vérifiez, si vous ne me croyez pas)
(1) voir message du 17 juin 2006
(2) Voir message du 12 avril 2006
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