Plus [le monde] se barde de divisions, de règles, de filtrages, de barrières, plus il multiplie les espèces d’hommes qui ne sont pas comme lui, des déracinés, en dehors de sa loi.
Moscovici - Hommes domestiques et hommes sauvages (p.130)
Les sans-papiers émeuvent à juste titre l’opinion, parce que nous sommes tous en puissance ou même en acte déjà des sans-papiers.
Vous ne me croyez pas ? Lisez Moscovici (en particulier Hommes domestiques et hommes sauvages). Ce que dit Moscovici, c’est que plus vous fabriquez d’interdits, et plus vous fabriquez de hors-la-loi.
Et ainsi, vous mêmes. Votre carte d’identité a plus de 10 ans ? Sans-papier ! Vous roulez à plus de 50 en ville ? Hors la loi. Votre chien, il est déclaré ? Non ? Fourrière. Vous traversez en dehors du passage protégé, qui est à moins de 50 mètres ? Contravention. Vous ne déclarez pas en douane vos acquisitions ? Sur-taxe sur la fraude. Vous dites du mal de l’arabe-du-coin ? Raciste ! Vous vous moquez du curé-de-l’imam-du rabin ? Condamné pour « offense aux personnes en raison de leur appartenance religieuses ».
Voilà la paradoxe : plus vous voulez de sécurité, plus vous faites de lois restrictives et plus vous fabriquez de hors-la-loi. Contrairement à ce qu’on pense, il n’est pas nécessaire d’être dans une dictature pour se retrouver dans cette situation. Car avec le progrès technique, les démocraties font aussi bien. Nos amis britanniques nous montrent le chemin : leurs caméras de surveillance sont couplées à des hautes parleurs : « - Monsieur, avec le blouson bleu, veuillez s’il vous plaît mettre votre journal dans la poubelle et non parterre.» Le flicage universel n’est plus une fiction d’épouvante genre 1984. C’est une réalité. Mais si elle existe, c’est parce qu’elle répond au vœu du citoyen.
Rousseau disait : dans une prison, on vivrait bien autant en sécurité.
1 comment:
C'est ben vrai disait la mère Denis, alors qu'en même temps nous scandions il est interdit d'interdire.
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