Thursday, April 12, 2007

Citation du 13 avril 2007

La plus violente douleur qu'on puisse éprouver, certes, est la perte d'un enfant pour une mère, et la perte de la mère pour un homme.
Maupassant - Les Contes de la Bécasse

Laissons si vous voulez bien la question de la mort de l’être cher, et concentrons-nous sur l’amour. Comment savoir combien on nous aime ? Voyez les enfants : pour savoir si on les aime, ils imaginent qu’ils sont morts et qu’ils regardent leurs parents les pleurer. La douleur de la mort de celui qu’on aime est la mesure de l’amour qu’on lui porte. Plus je pleure la mort d’un être cher, plus il m’était cher.
Reprenons Maupassant : en développant un peu, on arrive aux propositions suivantes :
- Une femme ne peut aimer un homme plus que son propre enfant. Est-ce que ça ne revient pas à dire que l’amour féminin quel qu’il soit, trouve son origine dans l’amour maternel ?
- L’amour d’un homme pour une femme serait, pour la même raison, toujours issu de l’amour de l’enfant pour sa mère.
Et le père dans tout ça ? Il n’aime pas ses enfants ? Ses enfants n’aiment que leur mère ? Comme on le sait, les hommes sont parfois ulcérés de voir quelle place on leur fait dans la société moderne. Est-il si défavorisé ? Comment lui faire une place ? Voyons un peu :
1 - Vous connaissez le discours des féministes (qui prolonge quelque peu cette pensée de Maupassant) : l’homme a la part belle parce que, aimé de sa mère, il n’a qu’à prolonger cette attitude infantile dans l’amour adulte. La femme en revanche, même si elle est aimée de sa mère - puisque cette mère aime tous ses enfants - n’aura pour modèle qu’un amour féminin ; en devenant adulte, elle devra transférer cet amour à l’homme. L’amour pour un homme donc est sans modèle, sans filiation. C’est un amour de rupture.
Conclusion provisoire : au jeu de l’amour, c’est l’homme qui a tiré le gros lot, mais il n’est rien d’autre qu’un Gros Bébé. Et toujours pas de père à l’horizon.
2 - Chez Freud, au contraire, le complexe d’Œdipe donne toute sa place au couple, donc au père. Selon lui, la fille a une attirance pour son père, et une hostilité pour sa mère. Normalement, le garçon, qui vit les rapports symétriques avec ses parents, liquide son complexe vers 7 ans : il renonce à considérer sa mère comme objet d’un désir amoureux, et il intériorise l’autorité du père : c’est comme ça qu’il devient adulte. Seulement la femme, quant à elle, ne parvient jamais à être vraiment adulte parce qu’elle ne liquide jamais totalement son Œdipe.
Conclusion finale :
- quant le père apparaît, c’est la femme (=adulte) qui disparaît.
- quand le père disparaît, c’est l’homme (=adulte) qui disparaît à son tour (le gros bébé).
Maupassant-Freud : Hop ! Par-dessus bord !

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