Saturday, June 09, 2007

Citation du 10 juin 2007

On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut.

Nicolas Machiavel - Le Prince (1513)

Et si les guerres, quelles qu’elles soient, ne finissaient jamais ? La guerre de cent ans, par exemple : est-elle terminée ?

Machiavel explique que même si on a eu l’initiative de la guerre, on n’a pas forcément celle de la paix. Vient en effet le moment où la « machine de guerre » n’obéit plus à son maître, où elle fonctionne selon sa propre logique : c’est que, pour déclencher une guerre on peut être seul, alors que pour faire la paix, il faut être au moins deux. Georges Bush l’a bien compris en Irak.

On pourra contester la généralisation de ce principe. On dira que la guerre est un fait historique et comme tel elle est définie par des actes précis : une déclaration de guerre, un traité de paix ou au moins une capitulation. La guerre est délimitée par des dates dans une chronologie historique. Elle s’achève donc bien un jour.

Oui, mais quand ? Une anecdote : il y avait autrefois - il y a bien longtemps… - un boxeur français qui s’appelait Alphonse Halimi. Ce boxeur avait gagné un combat important contre un adversaire anglais (1) ; à peine descendu du ring il a déclaré : « Aujourd’hui, j’ai vengé Jeanne d’Arc ! ». Et nous avions imaginé que la guerre de cent ans était terminée depuis…1475 (voir ceci).

On peut proposer la règle suivante : un fait est historique en raison de ses conséquences. Toutes les conséquences de ce fait en font donc partie. Le combat d’Halimi fait donc partie de la guerre de cent ans. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas le principe qui est faux, mais c’est qu’Halimi était un peu « sonné » quand il a fait cette déclaration.

Je crois quant à moi que la guerre est un cas parmi d’autres où l’on voit que les faits historiques ne sont pas si objectifs que ça, que leurs contours sont flous, leurs limites incertaines : certains faits continuent de produire des conséquences alors qu’on les croyait éteints depuis longtemps.

Sus à l’ennemi héréditaire !

(1) Il s’agit de Freddie Gilroy et c’était en 1960 (lire ici)

2 comments:

Anonymous said...

Ce blog est vraiment d'une grande qualité. Il m'est d'une grande aide dans la réflexion que je mène actuellement. Bonne continuation.

Jean-Pierre Hamel said...

Merci de vos encouragements, et bonne réflexion.