Tuesday, June 26, 2007

Citation du 27 juin 2007

J’ai donc choisi de réfléchir à l’étude de l’oeuvre intégrale comme moyen pour réutiliser et affiner les outils de lecture propres au texte de théâtre, à propos d’un texte déroutant à première lecture : La Cantatrice Chauve.

Auteur : Cécile LEBOT - Maîtrise des outils de lecture du texte théâtral dans le cadre de l'étude d'une oeuvre intégrale : La Cantatrice Chauve de Ionesco

Pour qui a le temps de musarder sur le Net, Google réserve de délicieux moments. Comme celui des mémoires de maîtrise. Loin de moi l’intention d’offenser les auteurs de ces travaux dont l’éventuelle vacuité est plus souvent la conséquence des exigences du directeur de mémoire que de l’inconsistance de l’auteur.

Mais avouez que lire Ionesco, et puis enchaîner avec une phrase comme celle-là est plutôt décapant : on imagine madame Smith pontifiant sur les outils de lecture…

Les outils de lecture… tout est outils aujourd’hui. Si je dis « outil », à quoi vous pensez ? A un marteau ? A un tournevis ? Peut-être. Mais vous pourriez aussi penser à un logiciel comme Word ou comme Excel. Ça se dit beaucoup, et on n’arrête pas d’apprendre à maîtriser des outils, comme le rappelle opportunément notre citation. Hier, le président de la France a inauguré le satellite d’embarquement S3 à Roissy, outil pour Air France qui pourra ainsi accueillir les passagers dans les meilleures conditions. Un bâtiment de 750 mètres de long : un outil. Ça ne s’invente pas.

Alors vous croyez peut-être que je vitupère contre les manies de langage qui émaillent les propos de nos contemporains ? Sans doute, mais pas seulement. Je veux dire que pour y comprendre quelque chose, il faut absolument maîtriser la conceptualisation. Outil est ici un concept, qui se définit comme une idée générale, très générale même. Si vous ne généralisez pas le contenu du concept (ce qu’on appelle sa connotation), vous ne parviendrez pas lui faire désigner autant d’objets (sa dénotation). La règle est que plus le champ dénoté est vaste, plus le contenu connoté est restreint. Conséquence : vous avez un seul mot qui n’a finalement presque plus de sens, mais vous pouvez désigner n’importe quoi..

Supposons que cette inflation de certains termes se développe. Au lieu des 2000 ou 3000 mots qu’il faut pour se faire comprendre (oui, c’est vrai : certains se débrouillent avec 500), un dizaine suffirait. Quel repos !

Vous me schtroupfez ?

P.S. Si un mémoire de maîtrise sur la langage schtroumpf vous tente, allez-y ; je ne crois pas quel ce sujet ait déjà été tenté.

5 comments:

Djabx said...

Votre commentaire me fait doucement penser au "Département du langage" (de mémoire) de G. Orwell, qui cherche en permanence à "raffiner" l'ancilangue pour donner le novlangue.

Anonymous said...

Mais si un mot comme outil n'a plus de sens, pourquoi l'utiliser ?
Finalement ça signifie uniquement que l'objet désigné a une utilité, un emploi quelconque, mais c'est déjà beaucoup non ?
Dans le cas du satellite d’embarquement, cela ressemble à un titre honorifique : "voyez comme cette chose est utile !"
Dans la citation c'est encore pire : on réfléchit à l'étude en tant que moyen pour utiliser l'outil ? Double - triple ? - pléonasme ?

A part ça, j'ai un ami qui s'exprime volontiers en langage Schtroumpf mais en remplaçant Schtroumpf par n'importe quel terme ordurier (façon syndrome de Tourette), et bien on le comprend toujours très bien (après tout les amis se passent de mots pour se comprendre, non ?)

Anonymous said...

Pas d'accord. Outil est un terme trés général et regroupant bon nombre de chose car tout ou quasi est outil pour l'Homme.

L'Homme est caractérisé par cette faculté à utiliser des outils. Cela est souvent oublié devant l'évidence même du geste et le naturel avec lequel cela se produit. Cela est souvent oublié devant l'inter-pénétration des outils les uns dans les autres qui sont autant de chose complexe et infini qu'il ne "sert a rien" de se pencher dessus.

Prenons un exemple :

Le patron d'un garage utilise un outil que nous nommerons "mécanicien". Celui ci est vêtu d'un outil "bleu de travail" pour ne pas se salir lorsqu'il utilisera les outils "outils" que contient l'outil "caisse à outils". Ces derniers lui serviront à réparer l'outil "carburateur" de l'outil "voiture" qui permettra à l'outil "employé" d'aller au bureau en mettant au préalable de l'outil "essence" dans son outil "voiture".

Ridicule ? Peut-être, mais c'est tellement vrai. L'outil est facteur de l'utilité. L'utilité est un des principaux motivant (si ce n'est le plus puissant) des relations sociales et des actes sociaux. L'outil en est aussi une cause et un moyen.

L'outil est partout, même en vous.

Anonymous said...

Je me permets un commentaire désagréable de forme sur le blog : le fouilli des catégorie a droite du blog (le nuage d etag dira t'on) n'en fait pa un outil trés efficace.

Serait il possible de classer les auteurs/catégories par ordre alphabétique.

Désolé de vouloir imposer ma volonté normatrice ici :D

Jean-Pierre Hamel said...

la novlangue :
dans la novlangue il ne s’agit pas de démultiplier les sens d’un mot mais 1 - de faire oublier le sens ancien ; et 2 - de le remplacer par un sens nouveau.
C’st une sorte de manipulation du langage assez primitive d’ailleurs.

Sur l’outil : je voulais dire que lorsqu’il y a inflation des objets désignés, il y a réduction des caractéristiques désignées. Ce n’est pas une raison pour s’en défaire parce que :
1 - c’est une manière de déterminer une caractéristique jugée essentiellement significative ;
2 - par là on peut prendre conscience de l’effet de cette réduction (sur l’exemple de l’ouvrier « outil » on a affaire à une aliénation de l’humain réduit à son utilité économique -D’ailleurs s’agissant d’un homme, on serait plus gentil : on parlerait d’instrument !).
3 - Une démultiplication des mots = un vocabulaire très spécialisé = que seule une élite peut comprendre.
En conclusion, cette inflation de l’usage d’un mot dans la mesure où c’est un phénomène de mode, un signal de reconnaissance a plus d’inconvénients que d’avantages.
Si c’est la volonté de signifier une généralité, aucune objection.


Serait il possible de classer les auteurs/catégories par ordre alphabétique.
Bien entendu, et je vais m’y employer.
Pour ce qui est de créer un véritable index, ce n’est pas vraiment prévu par Blogger, mais il me faudrait trouver un subterfuge. Là encore je vais m’y employer, parce que je suis conscient que cette interminable liste - à la Prévert - ne sert à personne.
Merci à tous de me tenir au courant de vos observations sur ce point