Nous pouvons donc dire que la morale est un système de règles d’action qui prédéterminent la conduite. Elles disent comment il faut agir dans des cas donnés ; et bien agir, c’est bien obéir.
Durkheim - L’éducation morale (2ème leçon)
La Chambre Bleue n’est pas encore tout à fait en place : vous avez donc jusqu’à dimanche pour perfectionner votre éducation morale. La citation du jour a déjà fait ce qu’elle pouvait pour vous mettre à niveau (rappel ici). Aujourd’hui, retour sur un concept fondamental : la discipline. Mais pour que votre information soit aussi complète que possible, c’est au Grand Durkheim que nous demanderons cette leçon de morale.
Au Panthéon de l’Identité Française, à la lettre D, à côté de Descartes inscrivez donc le nom de Durkheim : ce fondateur de l’école française de sociologie est l’autorité à la quelle la France doit son renom dans cette science. Mais Durkheim ne s’est pas contenté de cela ; il a défini certaines règles de l’école républicaine. Il vous apprendra la discipline, comment l’enseigner, pourquoi l’apprendre.
Je ne reviendrai pas sur les raisons sociologiques qui justifient la discipline : on se reportera à l’analyse de l’anomie (22 juillet 2006). En revanche, ce qui importe ce sont les raisons morales avancées par Durkheim pour affirmer : Bien agir, c’est bien obéir.
La morale commence avec la vie en groupe (Durkheim - Sociologie et philosophie p. 75) ; autant dire que la morale tire son autorité de la suprématie de la société sur l’individu. Et il ne s’agit pas d’un rapport de force : il y a non seulement une conscience collective (coercitive), mais une spiritualité collective (1). La société est fondatrice de valeurs et comme telle elle assume une fonction de religion laïque, si tant est que cette expression ait un sens.
C’est la raison pour la quelle selon lui la discipline doit être enseignée par l’école républicaine, et non par la famille. Les cours de morale sont indispensables, parce que ce n’est pas nous - individus - qui faisons la morale, et elle ne dépend pas non plus des aléas historiques. Bon.
Mais alors, que faire de l’autonomie de la volonté sans la quelle aucune action vraiment morale ne serait possible ? Comment obéir et en même temps agir moralement ? L’esclave qui agit moralement simplement parce qu’il en a reçu l’ordre n’est pas un agent moral : son action est dénuée de sens moral.
La réponse de Durkheim est simple : c’est la compréhension de la nécessité des règles de moralité qui nous permet de vouloir faire ce que nous devons faire. C’est donc la science - la sociologie en l’occurrence - qui nous permet d’obéir et de bien agir (= d’avoir une volonté morale).
Compris ?
(1) Sur cette spiritualité, on se reportera à la préface de Bruno Karsenti à Sociologie et philosophie (Quadrige-Puf)
2 comments:
Sur ce sujet je renvois encore et toujours à O.Favereau et la théorie des conventions !
Le marché domine le monde mais il ne peut que fonctionner grace à "l'huile" sociètaire permettant des relations saines jusque dans le cadre du contrat.
Le prénom de Durkheim est Emile, et non pas Grand.
Celui de Milgram est Stanley.
Rompez!
Post a Comment