La virginité n’est pas une qualité essentielle en ce que son absence n’a pas d’incidence sur la vie matrimoniale.
Cour d’appel de Douai – Jugement sur l’affaire de mariage annulé pour cause de mensonge de l’épousée sur sa virginité. – Cité dans Libération du 18 novembre page 7
Que ceux qui lisent ce post en dehors de nos frontières veuillent bien se documenter sur cette affaire qui a défrayé notre chronique. Mais peut-être est-ce leur avis qui nous éclairerait le plus.
Voilà donc où nous en sommes : ce jugement paraît en France – je parle sous le contrôle de mes concitoyens – être une évidence.
Evidence qui avait été offusquée par un premier jugement annulant le mariage au motif du mensonge de l’épousée... jugement interprété par certains comme fondé sur le manque de confiance inaugural qui empêcherait le mariage. En réalité, le droit français annule un mariage non en raison d’un mensonge en tant que tel, mais lorsque celui-ci affecte une qualité essentielle de la femme – ou de l’homme d’ailleurs – portant ainsi atteinte à la vie matrimoniale. Ce jugement nous a ému parce qu’il nous a ramené des années en arrière, lorsque chez nous aussi la virginité était le tabou absolu.
Qu’on songe combien de femmes ont vécu de drames pour avoir eu l’hymen rompu avant leur mariage – et je ne parle même pas des grossesses prénuptiales.
Je voudrais quand même dire que, quand ce tabou existait (même dans un passé déjà assez lointain), des voix se sont élevées contre lui, et citer le plus prestigieux d’entre eux, le plus respecté, le plus souvent cité. J’ai nommé Buffon.
Buffon affirme que les petites filles n’ont pas d’hymen, ce qui veut dire que celui-ci pousse au moment de la puberté. Mais écoutez, le plus important est à venir. Car l’hymen non seulement pousse à la puberté, mais il continue après ! Et ainsi, une femme déflorée (excusez le vilain mot), peut à condition d’éviter les rapports sexuels pendant un certain temps récupérer sa « virginité ». Voici un extrait de son texte :
« … il est arrivé plus d’une fois que des filles qui avaient eu plus d’une faiblesse, n’ont pas laissé de donner ensuite à leur mari cette preuve de leur virginité sans autre artifice que celui d’avoir renoncé pendant quelque temps à leur commerce illégitime. » Buffon – Histoire naturelle (extraits Folio) p. 85 (1)
On a déjà compris la conséquence : à quoi bon faire un drame d’une absence de virginité, puisque de toute façon, même les femmes qui paraissent vierges ne le sont peut-être pas ?
(1) On s’étonnera peut-être de l’ignorance de Buffon de la réalité anatomique féminine. Il faut dire que l’examen des parties génitales des filles et des femmes par des hommes – eux qui avaient la science – était prohibé, et que Buffon, en matière de sexe féminin vu sous l’angle scientifique, n’a eu que des cadavres à disséquer.
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