Supprimez le conditionnel et vous aurez détruit Dieu.
Boris Vian
Le conditionnel est un mode personnel qui exprime une
action incertaine, soumise à une condition. C'est, en quelque sorte, le mode de
l'imaginaire et de l'hypothèse.
Définition citée par
l’Assistance scolaire personnalisée
Selon Boris Vian, Dieu est soit une construction de notre
imagination, soit une hypothèse (1)
A noter que dans ce cas Dieu est une production de notre
esprit et que c’est même la condition pour qu’on puisse « détruire
Dieu » : c’est au créateur et à lui seul qu’il revient de détruire ce
qu’il a créé.
Bien sûr nul n’ignore la réponse qu’opposent les
spiritualistes à cette thèse : si Dieu est une création de l’esprit
humain, qui donc a créé l’esprit humain ?
Je ne répondrai pas à cette objection l’ayant fait
ailleurs (2). Par contre, je me livrerai plus volontiers à une manipulation de
la citation de Vian : et si on
inversait les termes ?
Supprimez Dieu, et
vous aurez supprimé le conditionnel.
1 – En effet, sans Dieu les lois du monde sont les lois
nécessaires de la Nature, scientifiquement connaissables. Étant donné l’état
actuel de l’univers, on peut être certain que son état dans X milliards
d’années est déjà établi. L’avenir est inscrit dans le passé. (3)
2 – Par contre, si c’est Dieu qui en décide, comme Sa
volonté nous est inconnue, et que de plus il serait contraire à Sa liberté
qu’elle fut déterminée et contrainte par le fiat
initial, alors rien n’est joué à l’avance et nous pouvons donc laisser libre
cours à notre imagination. Rien de ce
que nous imaginerions serait hors de portée du Créateur – Si Dieu le veut… (4)
Tout cela me parait vrai, mais qu’y pouvons-nous ?
Si Dieu n’existe pas, rien ne sert de l’inventer.
Toutefois il reste que les rêves dont la science
nous prive du fait du déterminisme, nous les regagnons au plan des réalisations
devenues possibles par l’évolution des technologies.
Ainsi de cette photo venues de Mars : cette montagne
blanche qui surgit de cette étendue plate comme la main, fait 5 kilomètres de
haut : un rêve d’alpiniste ! (5)
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(1) On se rappelle cet échange entre Napoléon et
Laplace :
- Napoléon : Monsieur de Laplace, je ne trouve
pas dans votre système mention de Dieu.
- Laplace : Sire, je n'ai pas eu besoin de
cette hypothèse. (Lire ici)
(2) La réponse du matérialisme consiste dans
l’affirmation qu’entre la cause et l’effet il peut y avoir une forte
dénivellation : petite cause (matérielle) – grands effets (spirituels)
(3) Voir ici note 1.
(4) Certains comme Leibniz excluent cette
possibilité : Dieu ne fait pas de miracles, non pas qu’il en soit
incapable, mais parce qu’ayant prévu la totalité du devenir de l’Univers, il a
créé le meilleur des mondes possibles.
(5) Et l’émerveillement n’est pas fini : le
point culminant de Mars est le mont Olympe (un volcan éteint) : 25
kilomètres d’altitude !
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