La louange la plus haute de Dieu est dans
la négation de l'athée qui trouve la Création assez parfaite pour se passer
d'un créateur.
Marcel
Proust – Le côté de Guermantes
Comment croire en Dieu après
Auschwitz ?
Elie
Wiesel
L'univers m'embarrasse, et je ne puis
songer / Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger.
Voltaire,
Poésies
Proust affirme tranquillement que l’athée
est celui qui dit : la Création
[est] assez parfaite pour se passer d'un créateur. Ce qui est loin d’être
une évidence : son affirmation se heurte à deux positions opposées entre
elles mais qui l’excluent toutes deux :
1 – L’athée est celui qui dit comme
Elie Wiesel : Le Monde ? Quel abominable bazar ! Et que de
cruautés ! Comment un Etre infiniment bon et parfait aurait-il pu créer
cet affreux désordre ? Après
Auschwitz, on ne peut plus croire en Dieu.
2 – Et à l’opposé, ce qui n’est donc pas
contradictoire, le déisme de Voltaire : si le monde est une gigantesque
horloge (cf. Newton), alors la perfection de l’œuvre implique la perfection de
l’Ouvrier qui l’a créé. Comment imaginer que le hasard puisse engendrer, à
partir d’un nuage de particules, ces montagnes, ces forêts, et ces éclipses
qu’on peut prévoir des siècles à l’avance ?
Mais on peut quand même tenter de sauver la
formule de Proust en proposant une troisième solution :
3 –
L’athée et celui qui dit : le monde, qu’importe d’où il
vient ? Ce qui compte, c’est qu’aujourd’hui il tourne, sans que personne
ne vienne s’en occuper. Dieu est parti – Il a pris sa retraite ! Comme
Leibniz qui pense que l’Univers est un automate parfait où tout est programmé
jusque dans ses évolutions, et même l’humanité entière est contenue dans la
semence d’Adam, chaque génération emboitée dans la précédente comme avec les
poupées Russes.
Pour Leibniz, cette harmonie préétablie
était de nature mathématique, ce qui fait du monde un rêve d’astrophysicien.
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