Et la mère Michel lui dit : c'est décidé / Si vous
m'rendez mon chat vous aurez un baiser (bis) / Et le Père, Lustucru / Qui n'en
a pas voulu / Lui dit : pour un lapin, votre chat est vendu.
Comptine
Mais, mieux encore, vous est offerte en prime
l’illustration Wikipédia, qui rétablit une triste vérité qu’on censure trop
souvent : le Père Lustucru est un cuisinier qui a pris le chat pour en
faire du pâté – de lapin… (1)
C’est que le pâté de chat vendu comme petit pâté chaud de
lapin, de cochon ou de ce que vous voudrez a été autrefois (moyen-âge
finissant) l’occasion de peurs phobiques. Pire même, la crainte de manger du
chat entrainait parfois la mort par impossibilité de continuer à s’alimenter après
avoir découvert qu’on venait d’en consommer.
Ecoutons si vous le voulez bien Montaigne : « Je sais qu’un gentilhomme, ayant traité chez
lui une bonne compagnie, sa vanta trois ou quatre jours après, par manière de
jeu (car il n’en était rien), de leur avoir fait manger un chat en pâté ;
de quoi une demoiselle de la troupe prit telle horreur, qu’en étant tombée en
un tel dévoiement d’estomac et de fièvre, il fut impossible de la sauver. »
(Montaigne – Essais I, ch. 21 – De la force de l’imagination)
La peur en question concerne la chair et surtout la
cervelle de chat, considérée comme un vrai poison. Quant au Père Lustucru, il
ne devait pas avoir trop de mal à s’approvisionner : on faisait à l’époque
commerce des peaux de chat pour leurs vertus médicinales, et du coup il devait
aussi y avoir des carcasses de chat disponibles…
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(1) Outre l’article Wikipédia, j’emprunte ma documentation
personnelle à l’Histoire des peurs alimentaires de Madeleine
Ferrières (ch.8)
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