Je ne suis point oisive durant l'été, répliqua la Cigale,
je passe tout ce temps-là à chanter. – Oh bien, repartit la Fourmi, puisque
cela est ainsi, je vous conseille de danser maintenant
Esope – Fables (Lire
la fable en Annexe)
Que faisiez-vous au temps chaud ? / Dit-elle à cette
emprunteuse / Nuit et jour à tout venant / Je chantais, ne vous déplaise. /
Vous chantiez ? j'en suis fort aise : / Et bien ! dansez maintenant.
La crise de la dette européenne a le mérite d’être facile
à représenter : d’un côté les fourmis laborieuses qui se sont rationnées
pour ne pas manquer de subsistance : ce sont les allemands ; de
l’autre les grecs imprévoyants qui ont consommé sans travailler : ce sont
des cigales. Quant à nous français, par les
temps mauvais qui courent, nous rentrons nos élytres de cigales et sortons nos
antennes pour ressembler – s’il en est encore temps – à des fourmis.
Pauvres grecs… Qu’ont-ils fait pour mériter la dureté des
nantis ? Ont-ils volé l’argent qu’on leur réclame aujourd’hui ?
L’ont-ils détourné d’une façon ou d’une autre ? Si j’en crois Esope la
cigale se défend en disant : « Je
ne suis point oisive durant l'été, … je passe tout ce temps-là à chanter. »
- Faire griller des poissons sur le port pour les
touristes et leur jouer du bouziki pour les faire danser avec Zorba, ce n’est
pas un travail peut-être ?
- Avoir donné à l’humanité la philosophie, la rhétorique,
la géométrie et l’Histoire, ce n’est donc rien ? Rien que ça justifierait
qu’on repêche la Grèce sans lui demander de contrepartie. Comme disait je ne
sais plus qui : On ne ferme pas la porte à Platon ! Sans compter que
derrière Platon, il y a Aristote – et Euclide, et Hérodote...
Des spéculateurs, pires encore que la fourmi de la fable,
se sont manifestés : que les grecs vendent, disent-ils, les iles de la mer
Egée et on les tiendra quitte de leur dette. L’huissier européen frappe à la
porte de Platon, mais ce n’est pas nouveau. On dit que Platon fut vendu comme
esclave en Sicile pour 20 mines d’argent. Pas de quoi rembourser la
dette !
…..
Ah… J’oubliais : la cigale – l’insecte réel – meurt
invariablement à la fin de l’été. Elle ne risquait donc pas d’importuner la
fourmi. Les grecs feraient bien de méditer ce fait.
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Annexe :
« La Fourmi faisait sécher son froment qui avait contracté quelque
humidité pendant l'hiver. La Cigale mourant de faim, lui demanda quelques
grains pour subvenir à sa nécessité dans la disette où elle se trouvait. La
Fourmi lui répondit durement qu'elle devait songer à amasser pendant l'été pour
avoir de quoi vivre pendant l'hiver. " Je ne suis point oisive durant
l'été, répliqua la Cigale, je passe tout ce temps-là à chanter. – Oh bien,
repartit la Fourmi, puisque cela est ainsi, je vous conseille de danser
maintenant ; vous méritez bien de mourir de faim. »
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