One God, one Farinelli ! [Un seul Dieu – Un seul Farinelli !]
Exclamation d’une
spectatrice enamourée à la fin de l’aria Son
qual nave de l’opéra Artaserse, de
Leonardo Vinci – livret de Metastase – chantée par le castrat Farinelli
On connait aujourd’hui Farinelli par le film de Gérard
Corbiau qui nous conte sa carrière artistique… et amoureuse, puisqu’on
apprend du coup que les castrats avaient encore ce qu’il faut pour satisfaire
les dames (1).
On sait également que les femmes étaient les vraies
admiratrices de Farinelli, au point que certaines affirmaient avoir eu un
orgasme rien qu’en l’écoutant chanter. On voit également que certaines d’entre
elles n’hésitaient même pas à en faire un véritable Dieu.
Nous ne fabriquons plus de castrats, nous sommes obligés
de les imaginer en écoutant chanter les contre-ténors actuels (2). Piètre
consolation…
Seulement, voilà : même si nos falsettistes
n’arrivent pas à la cheville des castrats d’autrefois, leur pouvoir de
séduction n’en est pas moins réel. J’en veux pour preuve le beau Philippe
Jarouszky dont la voix de contre-ténor – aidée il est vrai par des yeux de
velours – fait battre le cœur des dames : j’ai observé moi-même ce
phénomène dans un récital où il ne bénéficiait ni d’un costume de scène ni d’un
maquillage spécial.
D’où vient cette emprise sur l’âme féminine ?
Comment répondre ? Autant poser directement la
question : quel est le véritable pouvoir de la voix humaine ? Car on
l’observe, c’est dans la voix que réside une grande partie du pouvoir de
séduction, les chanteurs mais aussi les acteurs en apportent la preuve
incontestable : certains d’entre eux, pourtant peu séduisants physiquement,
ont un attrait décuplé dès qu’on entend leur voix.
Pour autant que je sache, les communicants qui s’occupent des politiciens candidats à des
élections ne se soucient pas spécialement de cela. C’est peut-être dommage ;
en tout cas la voix trompe moins que les paroles : elle au moins, si elle
était séduisante avant l’élection, elle le restera après.
D’ailleurs si on veut bien y penser, comment Hitler
a-t-il pu fasciner les foules, alors que la télévision n’existait pas et le
cinéma bien peu ? Ce n’est pas son image qui a séduit : c’est sa
voix.
Brrrrr…
(3)
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(1) Toutefois sans leur faire courir le risque de
grossesse).
(2) Le castrat avait un registre proche du contralto
féminin, mais avec un timbre différent et une puissance que n’approchent pas
les contre-ténors (ou falsettistes)
actuels.
(3) On dit qu’Eva Braun était fascinée par la voix
d’Adolf Hitler ; il est vrai qu’en privé, elle devait avoir des inflexions différentes
de ses vociférations publiques
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