« Mesdames et Messieurs, c'est le frisson dans la
moelle épinière qui vous dit en vérité ce que l'auteur [en écrivant un livre
d’artiste] a ressenti ou a voulu que vous ressentiez. »
Vladimir Nabokov –
Partis pris (cf. citation complète en annexe)
Tout ce que l'esprit perçoit, il le fait avec l'aide de
l'imagination créatrice, cette goutte d'eau sur la lame de verre qui donne
netteté et relief à l'organisme observé.
Vladimir Nabokov –
Partis pris
« Mesdames et
Messieurs… » Il y a une sorte de terrorisme intellectuel dans cette interpellation.
Car si vous ne savez pas ce qu’est le frisson dans la moelle épinière vous
voici rejetés parmi les demeurés qui ne peuvent que perdre leur temps en lisant
des vrais-livres de vraie-littérature – vous êtes bon pour la collection
Harlequin.
La Citation du jour toujours
désireuse de secourir les victimes de ce terrorisme va ouvrir pour vous le
dossier du frisson spinal.
--> Voici un schéma de la moelle épinière avec ses
subdivisions fonctionnelles : dans laquelle de ces subdivisions
logerez-vous le frisson dû à la lecture des livres
d’un artiste ?
- Cervicale ?
Peut-être, mais à ce compte on devrait lui ajouter
- la zone thoracique,
pour le cœur qui se met à cogner et les poumons qui se mettent à sur-ventiler.
- Ou bien la zone lombaire,
pour les picotements au bas des reins caractéristique de l’émotion poétique ?
- Et la zone pelvienne ?
Euh… Disons que par là moelle épinière n’a plus grand-chose à nous dire.
Maintenant on veut savoir de quoi ce frisson est-il le
signe ? Signifie-t-il que nous recevons le message de l’auteur avec nos
viscères, un peu comme les musiciens disent qu’ils ressentent la musique avec
leur estomac ? Ou bien accompagne-t-il la sécrétion de dopamine par le
cerveau (1) ? À moins qu’on n’ait une libération de testostérone (2) dans
les bas des reins ? Ou encore que tout ça se succède et s’enchaine
rapidement, parce que le frisson spinal parcourt
la moelle épinière, en sorte que toutes ces régions en sont presque
simultanément affectées ?
Mais on aurait tort selon Nabokov de trop
« physiologiser » le frisson dû à la lecture. C’est qu’il s’agit sans
doute d’une lecture qui déclenche l'imagination créatrice, laquelle se signale
par ce frisson.
--> Et si vous éprouvez ce frisson en lisant La promesse du Highlander (à prix givré
chez Harlequin) ? Eh bien oui : vous venez d’éprouver le désir
d’écrire vous aussi une Harlequinade.
- Est-ce grave Docteur ?
- Oui, hélas… Mettez-vous au lit avec un exemplaire de la Recherche du temps perdu.
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(1) Je lis ceci dans Wikipédia : « Le phénomène de frisson parfois ressenti
lors de l'écoute de musique est dû à la sécrétion de dopamine. »
(2) Les dames adapteront cette indication (cf. le Post sur Farinelli).
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- Annexe :
« Cependant, je n'ai jamais réussi à expliquer d'une façon satisfaisante à
certains étudiants de ma classe de littérature les principes de la bonne
lecture qui veulent que l'on lise le livre d'un artiste non pas avec son cœur
(le cœur est un lecteur particulièrement stupide), non pas avec son cerveau
seul, mais avec son cerveau et sa moelle épinière. "Mesdames et Messieurs,
c'est le frisson dans la moelle épinière qui vous dit en vérité ce que l'auteur
a ressenti ou a voulu que vous ressentiez. " » Wladimir Nabokov - Parti pris
1 comment:
anuotin 250bravo le frison dans la moelle épiniaire et la demonstration du maître es lettre
je vous embrasse très chaleureusement et vous souhaite de très bonne fêtesg
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