Les protestants se réfèrent à l'Évangile et nous nous
référons à Jésus-Christ dont l'Évangile est le témoignage mais dont l'Église
est la demeure. L'Évangile est le souvenir d'un mort, l'Église est l'habitation
d'un vivant, qui continue avec nous toutes les transactions de la vie.
Paul Claudel –
Correspondance avec Gide, 1923
Leçon d’optimisme II
Celui qui veut parler d’optimisme sans risquer d’être
démenti par des ricanements sceptiques n’a, en cette période de Noël, qu’à parler
des Évangiles et de la Nativité.
Selon Claudel, même le mécréant doit se rendre à cette
évidence : Noël, c’est la fête de l’espérance, parce que pour une fois
dans l’année, les Évangiles ne sont plus de papier, mais de chaleur et de vie.
Ce n’est plus la parole glacée qui tombe du haut de la chaire, mais c’est
l’Enfant-Jésus qui trône dans la crèche.
Telle est la remarque de Claudel (et peu importe pour le
moment qu’il vise les Protestants avec justice et honnêteté) : l’Eglise
est le lieu de la vie, parce qu’elle est le lieu qui accueille l’enfant-Jésus.
La crèche doit nous faire oublier le crucifix…
Le pessimiste bougon dira sans doute : soit –
admettons que Jésus soit effectivement né pour les juifs qui vivaient de son
temps. Mais nous ? Est-il né aussi pour nous ?
Là-dessus tous les prêcheurs vont me tomber sur le râble
et m’accabler de leurs commentaires.
Je me défile donc : je ne dirai pas si effectivement
Jésus est né et est mort pour nous sauver, mais à supposer que cela soit –
comment va-t-il concrètement s’y prendre ?
Car là, j’ai la réponse – c’est même Claudel qui la
fournit : [Jésus est] un vivant, qui continue avec nous toutes
les transactions de la vie.
Oui, vous avez bien lu : les transactions de la vie.
Comment comprendre cela ? J’avais cru d’abord
pouvoir expliquer (aidé en cela par cet excellent article) que Jésus était un
médiateur qui nous assistait dans les difficultés et les méandres de la vie –
là où il faut faire des choix et des concessions.
Relisant notre
citation du jour, j’observe que l’idée de Claudel est des plus simple :
c’est la vie elle-même qui se définit par la transaction, et si Jésus est le
vivant qui nous aide à vivre, alors il est aussi celui qui nous accompagne dans
son cours, en pointant à l’horizon l’étoile à suivre, en apportant du réconfort
quand il y a des sacrifices à faire, etc…
Et l’optimisme dans tout ça ? Il consiste à dire que
ce n’est pas au moment de trépasser qu’on peut invoquer le secours du Fils de
Dieu : c’est à chaque moment de la vie.
Alors, voilà que je me mets à prêcher – malgré la
décision de défilage ?
Ben oui : voyez à quoi mène l’optimisme…
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