Boris Vian
Comme dit mon grand ami Roland Barthes à nos âges, ma
chère Françoise, nos sexes ne sont plus
là où on les cherche.
Frankie
Pain –Blog de la Blog-woman (cité le 15-09-2012)
Je sais que j’ai soulevé un grand trouble chez mes
lecteurs en évoquant cette citation qui affirme que le sexe n’est pas toujours
là où on le cherche. Car : où est-il donc ce fichu sexe ?
La citation de Boris Vian est là pour nous
éclairer : le sexe est là où ça ne parle pas.
Je sais bien que cette réponse peut encore troubler :
comment opposer ainsi le sexe et la parole, alors que le sexe féminin a tout
d’une bouche ? Et que de surcroît un homme qui devait bien s’y connaitre
en la matière, je veux dire Diderot, a écrit un livre entier pour nous faire
entendre ce qu’il a à dire (1) ? Le Bijou indiscret de la belle Zima est très bavard et il a beaucoup de choses à
dire : il y a de quoi remplir un livre entier fait de 10 essais et de 26
chapitres.
Toutefois, tant qu’il parle il ne fait rien
d’autre : Boris Vian a donc quand même raison et nous devons conclure
avec lui que le sexe féminin, comme la langue, est un organe qui sert tantôt à
parler, et tantôt à copuler.
Je n’insisterai pas sur le rôle ainsi dévolu à notre
langue – d’être principalement un
organe sexuel – et je ne retiendrai finalement que cette opposition entre
l’acte sexuel et la parole. Et comme je pratique la philosophie, je cherche à
dégager des principes. Retenons donc qu’en général les actes et les paroles
s’opposent : tantôt je parle, tantôt j’agis. Et, mises à part les
occasions où la parole est elle-même un acte (2), on constate que les gens qui
parlent le plus sont souvent ceux qui en font le moins.
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(1) Il s’agit des Bijoux indiscrets (1748) dont j’ai
parlé ici, et qu’on peut télécharger ici.
(2) Il s’agit des énoncés performatifs qui ont un effet
sur le monde (cf. le livre de John-Langshaw Austin, Quand dire c’est faire
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