Thursday, January 31, 2013

Citation du 1er février 2013

- Rétines et pupilles, les garçons ont les yeux qui brillent / Pour un jeu de dupes, voir sous les jupes / Des filles.
Chanson d’Alain Souchon Sous les jupes des filles
- Je désirerais que vous peignissiez Madame sur une escarpolette qu'un évêque mettrait en branle. Vous me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant et mieux même, si vous voulez égayer votre tableau.
Baron de Saint-Jullien – Texte de la commande faite à Fragonard du tableau intitulé « Les Hasards heureux de l'escarpolette »
Les Hasards heureux de l'escarpolette – Tableau de Fragonard (détail)

En comparant la commande qui lui fut faite et le tableau qu’il peignit alors, on comprend que le talent de Fragonard est de nous donner à voir comme un heureux hasard tout ce qui était en réalité prévu, mis en scène par le baron, époux de la belle enfant...
Toutefois :
1 – …que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant et mieux même… Comment ça « et mieux même » ?
Comme ça ?
Sharon Stone dans Basic instinct film de Verhoeven (vu ici)
Bien sûr Fragonard n’a pas pu loger dans sa composition l’entre cuisse de la belle enfant en plus des trois personnages requis. Pour parvenir à cette vision il aurait dû changer de point de vue, prendre celui du personnage figurant le Baron de Saint-Jullien et donc renoncer à représenter le gracieux élan de la jambe avec la mule qui s’envole dans les airs.
2 – La comparaison de la scène peinte par Fragonard et de la séquence de l’interrogatoire de police avec Sharon Stone comporte une autre différence : la scène de l’escarpolette correspond à un fantasme de voyeur. C’est une vue dérobée, dont la « victime » n’est pas consciente.
Par contre Sharon Stone est plutôt exhibitionniste : n’oublions pas qu’elle répond à 5 policiers qui lui font face et qui ont des yeux qui leur sortent de la tête.  
3 – Ensuite la même comparaison pourrait bien monter l’écart entre l’érotisme de la jeune baronne qui montre ses jambes (et peut-être plus) dans un écrin de jupes froufroutantes, et la pornographie du pubis qu’on montre dans l’ouverture de la mini-jupe.
L’un met en scène, l’autre donne à voir.
4 – Parmi les détails troublants du tableau de Fragonard, il en est un qui retient tout particulièrement l’attention : c’est l’invraisemblance anatomique des jambes de la jeune baronne. Si la jambe gauche  (celle qui lance la mule dans les airs) est normale, que dire par contre de la jambe droite ? Il lui faudrait une cuisse extraordinairement longue pour qu’elle apparaisse comme on le voit ici. Bien entendu, la virtuosité du peintre n’est pas en cause. Il faut donc supposer qu’il s’agit de nous montrer le genou, lieu du corps investi d’un potentiel érotique bien connu (voir le film d’Eric Rohmer Le genou de Claire)

1 comment:

Anonymous said...

la chanson de Souchon paraphrase sciemment les Ingénus poème de Verlaine éclairant lui aussi :
Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés ! - et nous aimions ce jeu de dupes..
ETC