Wednesday, February 20, 2013

Citation du 21février 2013



On croit avoir les moyens de le maitriser tout à fait [= le corps], et il est devenu objet de culte. Jeu de vases communicants : les possibilités de progrès spirituels semblent quant à elles au contraire dédaignées. 
H. Genet – D. Martz : La lumière noire du suicide. p. 90
Hier, on soulignait ici même que les stoïciens appelaient à la maitrise spirituelle de soi : nos sentiments, nos passions, doivent être soumis à notre raison.
Ainsi, notre liberté consiste à choisir notre attitude face à ce que le monde nous impose, que ce soit comme gloire ou comme défaite : « On m’a donné la gloire – à présent on me la retire. Cette défaite m’est imposée, je n’y suis pour rien: rien ne peut m’obliger à considérer que cela me concerne. » (1)
Les stoïciens ne sont plus d’actualité et cela depuis bien longtemps. Mais alors que durant de long siècles on leur a substitué une éthique chrétienne de la mortification rédemptrice, voici qu’aujourd’hui – époque de compétition et de consommation – c’est notre corps qui devient le seul objet à contrôler et à maitriser. Le souci de soi comme disait Foucauld, lié à la connaissance intime de notre physiologie et des standards modernes de la santé et du bien-être a envahi notre quotidien au point que notre seule ascèse, c’est de tâcher :
            - à bien vider nos intestins à  bien remplir nos estomacs (sans risquer ni l’anorexie ni l’obésité),
            - à avoir une peau bien bronzée (sans risquer le cancer), etc…
            - à avoir les formes nécessaires (muscles pour les messieurs, seins et fesses pour les dames).
Nous autres, les moralistes imperturbables du 21ème siècle, nous en rions. Soit. Mais nous devrions nous en étonner un peu aussi.
S’agit-il comme le disent nos auteurs du jour d’un mouvement de bascule ? Ne peut-on maitriser le corps sans renoncer en même temps à la maitrise de l’esprit – alors même qu’on s’obstine à considérer que c’est celle-ci seulement qui mérite d’être nommée « maitrise de soi » ?
(A suivre)
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(1) Mais aussi : ma femme (mon fils, mon ami etc.) meurt – dois-je m’en désoler, alors que je sais qu’elle n’était pas immortelle ?

2 comments:

Dola said...

J'ai quand le même le sentiment que cette séparation corps et esprit est très occidentale non ?!

Jean-Pierre Hamel said...

C'est quand même mme fait de toutes les religions.
Notre originalité c'est de sire que le corps compte plus que l'âme.