De Démocrite : Une vie sans fête est une longue route sans auberges.
Stobée – Florilège
III, XVI, 22
La sagesse antique et
nous I
Démocrite : le Philosophe qui rit (« portrait »
ci-contre)… contredisant à ce point l’image
revêche qu’on se faisait autre fois du sage qu’on le considérait à son époque
comme fou ! Mais c’était aussi un sage admiré de ses contemporains – en
témoignent les nombreuses citations qu’ils nous en ont transmises.
On a souvent dit que les fêtes permettaient, de rompre la
monotonie du quotidien, d’oublier les
soucis de la vie, voire même de
renverser l’ordre social habituel (comme avec le Carnaval). Telle est en tout
cas la thèse de Roger Caillois dans un ouvrage que nous avons cité bien des fois
(1).
La conception de Démocrite, sans infirmer ces thèses,
donne une autre vision de la fête, en la comparant à l’auberge sur le chemin du
voyageur. De même que l’auberge nous permet de faire une pause, de reconstituer
les forces qui viennent à nous manquer, le fête est ce qui nous aide à avancer sur la longue route de la
vie.
C’est particulièrement évident pour les fêtes qui marquent
des étapes : les mariages, les communions - voire même les enterrements.
Mais il faut mettre sur le même rang les fêtes saisonnières, celles qui
ponctuent l’année en fermant une saison et en ouvrant une autre, comme les
fêtes des moissons, des vendanges, de la lumière, etc..
En lisant ces remarques, on sera frappé de la similitude
de fonctions entre les fêtes et les vacances. Nous aussi, nous avons besoin de
restaurer nos forces, et nous avons pour cela la rupture des vacances.
Remarquez qu’il ne s’agit pas seulement de se reposer, ni même de changer
d’horizon – sans quoi la retraite serait comme une longue période de vacance.
Plutôt que d’une halte, il s’agit de rupture dans le
quotidien : les vacances sont la négation du travail, et c’est pour cela
qu’il est non seulement permis de se lever tard, de déjeuner à n’importe quelle
heure et de faire la sieste tous les jours – mais c’est de surcroît
indispensable si l’on veut se sentir en vacances.
Le Club Med, ce n’est pas n’importe quelle auberge !
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(1) Caillois – L’homme et le sacré.
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