Abandon. Anesthésie du refus.
Marianne Van Hirtum
La résignation
est-elle une sagesse ?
Eugène Ionesco – Cité le 3-06-2006
On l’a
compris : ce qui est en ligne de mire, c’est le stoïcisme qui, sous une
forme dégradée, devient à peu près synonyme de ce qu’on appelle couramment
« philosophie ». Prendre son sort avec philosophie signifie souvent
savoir se résigner – ou, comme le disait Descartes "changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde" (Discours de
la méthode 3ème partie). Attitude contre laquelle on évoque
la plupart du temps l’indignation et la résistance (à la suite de Stéphane
Hessel).
Ceux qui ne résistent pas abandonnent. La question est de
savoir quel est le sens de l’abandon : il faut donc savoir pourquoi on abandonne.
- On peut abandonner parce qu’il est bon de s’en remettre
à la force (quelle que soit sa nature)
- On peut abandonner par lâcheté, parce qu’il est trop dangereux
d’affronter plus fort que soi.
- On peut abandonner pour échapper à la souffrance quand
celle-ci provient de l’effort de résister.
Marianne van Hirtum considère l’abandon comme l’anesthésie du refus. Abandonner ce
n’est donc pas accepter l’ordre qui nous domine (1ère hypothèse), ni
faire acte de lâcheté (2ème hypothèse). L’abandon accompagne le
refus, dont il soulage la souffrance.
Alors certes, on ne peut dans le même mouvement refus et
abandonner ; mais si dans notre cœur nous refusons, on peut dans les faits
abandonner la résistance (1). A la différence du stoïcisme, cet abandon n’est
pas reconnaissance de valeur : le malade qui renonce à un traitement trop
rude à supporter ne veut pas dire que la maladie est bonne.
Si l’abandon est anesthésiant c’est simplement parce que
l’effort de lutter est souffrance.
Abandon… Résignation… Démission… Au fond, qu’importe ne
nom qu’on donne à cette attitude ? L’important est qu’elle soit
« anesthésiante ».
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(1) L’abandon peut être aussi abandon du refus :
--> 18 juin 1940 : le maréchal Pétain, tout en
refusant l’humiliation de la défaite, dépose les armes.
--> 24 octobre 1940 à Montoire, Pétain serre la main d’Hitler,
acceptant de ce fait la collaboration avec le régime nazi.
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