Hegel – Esthétique (Voir texte en annexe)
De la beauté chez
la femme – II
J’ai le sentiment d’avoir hier soulevé des questions sans
réponses, et d’avoir de ce fait failli à ma tâche de philosophe. C’est que j’en
étais resté à une citation de Boris Vian. C’est Hegel qu’il fallait convoquer –
Voilà qui est fait.
Il y a deux sortes de belles femmes : celles qui sont
naturellement belles, leur corps, d’un éclat magnifique, est comme un coucher
de soleil ; leurs yeux comme un ciel de printemps – ou comme la gemme
noire du jais ; leurs formes comme les paisibles collines du bocage
normand… (1)
Et puis il y a les femmes que la nature n’a pu produire
parce qu’elles sont sorties d’un rêve. Elles se sont faites elles-mêmes, provocantes
et mystérieuses (Marlène Dietrich ou Fanny Ardent) ou bien elles sont nées sous
le ciseau du sculpteur. Et c’est pour elles qu’il faut redire cette phrase de
Hegel : il est permis de soutenir
dès maintenant que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature.
Alors que la beauté naturelle se retrouve – comme le dit Platon dans Hippias –
dans la belle jument, la femme à la beauté « artificielle » donne à l’esprit de se reconnaitre dans en elle.
Maintenant, Hegel n’en reste pas là, car il donne aussi un
statut à celui qui contemple cette œuvre d’art qu’est le corps d’une belle
femme.
S’agit-il du voyeur qui mate la femme nue à travers le trou
de la serrure ?
- Non, bien sûr. C’est celui qui déchiffre ce corps –
éventuellement maquillé et vêtu – comme une œuvre d’art, qui y voit la trace de
l’invention de l’esprit qui s’incarne dans son œuvre.
Et bien sûr c’est là que la beauté féminine créée l’emporte
sur la beauté féminine naturelle.
C’est à l’esprit créateur que renvoie cette beauté.
C’est en cela qu’elle est signe – comme le voulait Boris Vian.
La suite à demain – si vous le voulez bien !
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(1) Les poètes tentés par un peu plus de lyrisme diront :
arrondis comme les ballons vosgiens
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Annexe :
« L'esthétique a pour objet le vaste empire du beau... et pour
employer l'expression qui convient le mieux à cette science, c'est la
philosophie de l'art ou, plus précisément, la philosophie des beaux-arts. Mais
cette définition, qui exclut de la science du beau le beau dans la nature, pour
ne considérer que le beau dans l'art, ne peut-elle paraître arbitraire ? [...]
Dans la vie courante, on a coutume, il est vrai, de parler de belles couleurs,
d'un beau ciel, d'un beau torrent, et encore de belles fleurs, de beaux animaux
et même de beaux hommes. Nous ne voulons pas ici nous embarquer dans la
question de savoir dans quelle mesure la qualité de beauté peut être attribuée
légitimement à de tels objets et si, en général, le beau naturel peut être mis
en parallèle avec le beau artistique. Mais il est permis de soutenir dès
maintenant que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature. Car
la beauté artistique est la beauté née et comme deux fois née de l'esprit. Or,
autant l'esprit et ses créations sont plus élevés que la nature et ses
manifestations, autant le beau artistique est lui aussi plus élevé que la
beauté de la nature. » Hegel, Esthétique
1 comment:
beauté divine
beauté de la nature
beauté à travers le trou de la serrure
très beau billet entre hegel et vian et avec Hammel pour nous guidez
bonne vacances cher jean pierre
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