Si « l’homme est un loup pour l’homme », le
hareng pour autant n’est pas « un tigre pour le hareng ».
Colette Guillaumin –
Sexe, race et pratique du pouvoir, Côté-femmes, 1992
Cette remarque a sans doute pour but de montrer que les
hommes sont les seuls être capables de s’entredévorer, la Nature n’ayant pas
été jusqu’à produire d’autres espèces cannibales.
- C’est pourtant une évidence dont l’observation semble
avoir manqué à notre auteur du jour : tout ce qui est comestible se mange.
Rien n’est donc plus banal que le cannibalisme, même dans les espèces animales ;
d’innombrables cas montrent que les petits qui sortent du nid – ou de la
protection de leur mère – sont souvent impitoyablement dévorés par leurs
congénères – voire même par leurs propres parents.
Voyez ce gentil ourson blanc : sa maman-ours
l’accompagne partout. Mais qui voit-on, les suivant s’il le faut pendant des
jours et des jours ? Le Grand ours mâle qui attend que le petit soit isolé
pour le croquer comme un vulgaire phoque !
Et attention,
mignon poussin de mouette ! Si tu sors du nid où tu es née,
n’importe quelle autre mouette va te dévorer – y compris ton propre père (voire
même ta mère) qui ne te reconnaîtra plus.
Qu’est-ce que l’espèce humaine a ajouté à ça ? Que
l’anthropophagie est rituelle, qu’elle confère à la victime des pouvoirs qu’on
espère s’approprier par l’ingestion, ou qu’elle permet par la répartition des
morceaux de sa carcasse de confirmer la hiérarchie sociale.
Et quoi d’autre ? La cruauté ? Oui,
certes : il ne s’agit pas seulement de détruire pour s’approprier les
biens de l’autre, mais aussi de jouir de lui, par le viol, par les raffinements
de cruauté par lesquels on va le mettre à mort. (1)
Et si c’était comme ça aussi que l’homme est supérieur à l’animal ?
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(1) Je n’ai lu nulle part que le supplice chinois des
« 100 morceaux » (qui dépèce tout vif le condamné) ait été suivi de
la mise en vente des pièces de viande ainsi découpées. Mais pourquoi pas ?
On sait que Clemenceau raconte avoir vu ça en Afrique (voir ici)
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