Tu
sais maman, je veux étudier beaucoup, comme ça je ne deviendrai pas une femme
frustrée et médiocre comme toi.
Quino – Mafalda (Comix strip)
Faut-il faire des
enfants ?
Les
enfants : impitoyables miroirs reflètant la médiocrité des adultes que
nous sommes. Ce sont eux qui ont la pire des cruauté : celle de
l’innocence.
Mafalda est argentine et ça se sent : elle a ce sens
inné de l’inconvenance qui nourrit l’anarchisme argentin, celui qui fait péter
la société – oui, mais tout en douceur…
Toutefois, sous la cruauté, perce la naïve croyance au
discours dominant. Mafalda croit en effet que l’école est un ascenseur social y
compris pour les petites filles.
Regardons la bande dessinée : la Maman de Mafalda a
mis ses lunettes pour trier le linge qui sort du séchoir. On devine qu’elle va
le repasser – voire même le ravauder. Cette pauvre femme est tellement résignée
qu’elle ne voit même pas la médiocrité de son état – elle qui aurait voulu être
écuyère dans un grand cirque… Seulement la vérité sort de la bouche des
enfants : l’impitoyable lucidité de Mafalda l’effondre.
Oui, mais : Mafalda est-elle si lucide ? Elle
semble ne pas savoir ce que nous nous
savons : que l’ascenseur social des femmes reste bloqué à l’entresol quand
celui des garçons monte jusqu’au dernier étage. Et que pour dépasser le premier
étage, elles doivent monter dans l’ascenseur où se trouve déjà un homme…
Que va-t-elle devenir, Mafalda une fois qu’elle aura
obtenu son diplôme supérieur d’histoire de l’art ? Va-t-elle ouvrir une
Galerie d’art – et fricoter avec des Galeristes renommés ? Va-t-elle se
faire engager comme bibliothécaire ? Ou comme vendeuse dans une librairie
spécialisée ?
Avec un peu de chance, elle n’aura pas le temps de faire
des enfants qui lui demanderaient en soupirant : « Dis, Maman,
pourquoi Papa il t’a quittée ? »
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