En marchant, les femmes peuvent tout : montrer ou ne rien laisser voir. Otez la jupe à une femme, adieu la coquetterie, plus de passion.
Honoré de Balzac
L'endroit le plus érotique d'un corps n'est-il pas là où
le vêtement bâille ?... Celui de la peau qui scintille entre deux pièces (le
pantalon et le tricot), entre deux bords (la chemise entrouverte, le gant et la
manche) ; c'est ce scintillement même qui séduit, ou encore : la mise en scène
d'une apparition-disparition.
On le savait déjà grâce à Roland Barthes :
l’érotisme exige la mise en scène d’une disparition, donc la nudité n’est pas
érotique, il faut que quelque part « le vêtement baille ». Il faut donc
la mise en scène d'une
apparition-disparition : ce que Balzac va nommer « mouvement ».
Autrement dit : ce qui est séduisant, c’est la femme
qui marche, et qui réalise justement cette en scène. Si le comble de l’érotisme
est dans le vêtement qui « baille », comment voulez-vous qu’il baille
si vous ne vous bougez pas ?
Alors, il y a bien des occasions pour une femme de
bouger : j’en ai évoqué deux dans ce Post, avec l’Escarpolette de
Fragonard et le croisement des cuisses de Sharon Stone dans Basic instinct. Une
femme nue, ou alors simplement vêtue d’un vêtement fonctionnel (comme une tenue
de sport) ne saurait éveiller le désir (la jupette des tenniswomen rattrape la
chose in extremis).
Ajoutons pour illustrer l’importance de la jupe dans l’éveil
du désir la scène-culte de Gilda, le
film de Charles Vidor, où Rita Haworth danse en laissant voir sa jambe par
l’entrebâillement de son fourreau. Il ne s’agit pas d’une scène de dénudement, encore
moins d’une danse des 7 voiles : comme on le sait, Gilda n’enlève qu’un seul
de ses longs gants noirs. (1)
- Balzac ajoute un élément de plus : les femmes sont
maitresses du désir des hommes, ne serait-ce que par ce mouvement qui, à
volonté, montre ou cache. Telle est la coquetterie féminine, celle que l’Eglise
a constamment condamné.
Cette coquetterie n’est toutefois ni péché de
concupiscence, ni caprice immature. Non : si la femme est condamnable,
c’est parce qu’elle fait peur. Peur ? Oui, parce qu’elle est la maitresse
du désir des hommes : elle éveille quelque chose en eux qu’ils ne dominent
pas, et qui est « appel de la nature ». (2)
Reste que cette coquetterie est une arme à double
tranchant : en prenant le contrôle des hommes, les femmes s’aliènent car pour
conserver cet avantage elles ne peuvent plus alors exister que comme objet de
désir.
-------------------------------------------------
(1) Oui, mais c'est sans doute l'une des scènes la plus torride du cinéma américain...
(2) Par là j’entends cet élan vital par lequel l’espèce se sert de notre désir pour nous obliger à nous reproduire.
(2) Par là j’entends cet élan vital par lequel l’espèce se sert de notre désir pour nous obliger à nous reproduire.
No comments:
Post a Comment