Sunday, July 28, 2013

Citation du 29 juillet 2013


En marchant, les femmes peuvent tout : montrer ou ne rien laisser voir. Otez la jupe à une femme, adieu la coquetterie, plus de passion.
Honoré de Balzac
L'endroit le plus érotique d'un corps n'est-il pas là où le vêtement bâille ?... Celui de la peau qui scintille entre deux pièces (le pantalon et le tricot), entre deux bords (la chemise entrouverte, le gant et la manche) ; c'est ce scintillement même qui séduit, ou encore : la mise en scène d'une apparition-disparition.
Roland BARTHES – Le plaisir du texte (Cité le 2 avril
2006 et maintes fois depuis)
On le savait déjà grâce à Roland Barthes : l’érotisme exige la mise en scène d’une disparition, donc la nudité n’est pas érotique, il faut que quelque part « le vêtement baille ». Il faut donc la mise en scène d'une apparition-disparition : ce que Balzac va nommer « mouvement ».
Autrement dit : ce qui est séduisant, c’est la femme qui marche, et qui réalise justement cette en scène. Si le comble de l’érotisme est dans le vêtement qui « baille », comment voulez-vous qu’il baille si vous ne vous bougez pas ?
Alors, il y a bien des occasions pour une femme de bouger : j’en ai évoqué deux dans ce Post, avec l’Escarpolette de Fragonard et le croisement des cuisses de Sharon Stone dans Basic instinct. Une femme nue, ou alors simplement vêtue d’un vêtement fonctionnel (comme une tenue de sport) ne saurait éveiller le désir (la jupette des tenniswomen rattrape la chose in extremis).
Ajoutons pour illustrer l’importance de la jupe dans l’éveil du désir la scène-culte de Gilda, le film de Charles Vidor, où Rita Haworth danse en laissant voir sa jambe par l’entrebâillement de son fourreau. Il ne s’agit pas d’une scène de dénudement, encore moins d’une danse des 7 voiles : comme on le sait, Gilda n’enlève qu’un seul de ses longs gants noirs. (1)
- Balzac ajoute un élément de plus : les femmes sont maitresses du désir des hommes, ne serait-ce que par ce mouvement qui, à volonté, montre ou cache. Telle est la coquetterie féminine, celle que l’Eglise a constamment condamné.
Cette coquetterie n’est toutefois ni péché de concupiscence, ni caprice immature. Non : si la femme est condamnable, c’est parce qu’elle fait peur. Peur ? Oui, parce qu’elle est la maitresse du désir des hommes : elle éveille quelque chose en eux qu’ils ne dominent pas, et qui est « appel de la nature ». (2)
Reste que cette coquetterie est une arme à double tranchant : en prenant le contrôle des hommes, les femmes s’aliènent car pour conserver cet avantage elles ne peuvent plus alors exister que comme objet de désir.
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(1) Oui, mais c'est sans doute l'une des scènes la plus torride du cinéma américain...
(2) Par là j’entends cet élan vital par lequel l’espèce se sert de notre désir pour nous obliger à nous reproduire.

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