La beauté des femmes apparait comme l’équivalent de la
puissance sociale de ceux qui réussissent à les conquérir. […] Elles deviennent
leur phallus social.
Marcela Iacub –
L’habit ne fait pas la femme (Rubrique A
contresens – Libé du 29-30 juin 2013 p. XIX)
De la beauté chez
la femme – III
Tiens ? Revoilà notre charcutière-chef ? La
spécialiste du Cochon dont nous avons évoqué l’œuvre récemment ?
Oui, c’est bien elle. Et elle a un message à nous
transmettre à propos de la beauté féminine
– sujet qui nous préoccupe depuis
deux jours.
Pourquoi les belles femmes sont-elles si recherchées par
les hommes ? Réponse de Marcela Iacub : parce que depuis que ceux-ci
ont renoncé à exhiber (symboliquement) leur phallus par une « énorme braguette ornée de pierres précieuses »,
il leur faut une preuve visible de leur puissance virile en la personne de ces
femmes. (1)
C’est ainsi que (toujours selon notre auteur) par-delà la
beauté féminine, le dimorphisme sexué est un signe de l’asservissement des
femmes au désir de pouvoir des
hommes. (2)
Et de dire que les progrès de la chirurgie et de la
médecine sont tels qu’on peut modifier à volonté l’aspect de notre corps et que
si les femmes se font refaire les seins, les fesses, les bas-joues etc. (3) c’est
pour devenir ce morceau de l’orgueil mâle qu’on aime exhiber dans les cocktails
comme les vaches au Salon de l’agriculture.
Si l’homme est un cochon, la femme est une vache : laissons
de côté l’admiration que suscite l’habileté de Marcela Iacub, capable de filer
si aisément la métaphore animalière, et retenons plutôt que selon elle, si le
bistouri peut exagérer ce dimorphisme en fonction des désirs et des standards
culturels, il pourrait tout aussi bien l’effacer. Supprimer les seins,
rembourrer les biceps, couper tout ce qui dépasse…
Quelle tristesse d’imaginer les rues peuplées de gens
tous identiques, porteurs des mêmes attributs sexués, et dont on saurait à
l’avance ce que cachent leurs vêtements…
… Mais non ! Marcela Iacub dont l’imagination est toujours
aussi inépuisable nous explique qu’on pourrait alors, si le désir était libéré
et non asservi à des enjeux de pouvoir machiste, demander bien autre chose aux
chirurgiens – Voici, toujours selon Marcela, quels vœux nous devrions leurs
adresser :
« Si les chirurgiens
inventaient des appendices qu’ils poseraient sur le crâne ou dans les doigts
pour produire des émoustillements. Si, grâce à leurs inventions on pouvait
éjaculer par le nez ou par les yeux. Si en contemplant quelqu’un on ne savait
pas nécessairement comment l’envisager pour lui donner du plaisir et pour
en prendre. Si les modistes proposaient
des tenues débarrassées du carcan de l’homme et de la femme... » (Id.
p XIX)
Camarade féministe, encore un effort pour accomplir la
Révolution sexuelle !
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(1) Nous avions autrefois disserté sur ces énormes
braguettes grâce à Panurge qui, dans le Tiers
livre, en fait un élément essentiel de l’armure de combat. L’image
ci-dessus représente Henry VIII
(2) Les femmes ne sont pas asservies simplement au désir
des hommes, mais à leur désir de pouvoir :
et revoilà les phallocrates, nom
aujourd’hui rayé du vocabulaire, mais dont l’idée reste présente…
(3) On va même aujourd’hui jusqu’à retoucher les vulves
mal fichues. (Sur la nymphoplastie, voir
ce site)
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