Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre.
La Boétie – Discoursde la servitude volontaire
Même les colosses peuvent tomber…
D’où vient le pouvoir du tyran ? Qu’est-ce qui fait
sa force ? Poser la question est souvent déjà un crime passible de la
mort. Si la question est coupable, c’est parce que la réponse est trop évidente : c’est la complicité du peuple qui en est l’origine.
Je sais bien ce qu’on répond à l’argument de La
Boétie : qu’il oublie l’armée, les milices et les espions qui terrorisent
les civils, les vexations infligées, les hommes qui disparaissent, les maisons qui
brûlent, les femmes qui sont violées par on sait trop qui…
Oui, la terreur existe, elle est féroce et elle marche à
tous les coups. Mais quoiqu’il en soit, le tyran a une autre faiblesse :
il est toujours seul parce qu’il ne saurait partager le pouvoir avec qui que ce
soit : on a vu récemment l’oncle de Kim Jong-un, le numéro 2 du régime
nord-Coréen arrêté en pleine réunion de dignitaires et exécute le lendemain.
Reste encore une autre source du pouvoir tyrannique :
si le tyran a besoin de mises en scène comme l’arrestation en pleine
assemblée de l’oncle Jang Song-Thaek c’est parce que sa force est aussi
d’ordre psychologique, qu’il a besoin d’être craint sans avoir à tuer, d’être
admiré sans avoir à se montrer, et d’être aimé comme Cher leader…
Et c’est la raison pour laquelle il se statufie en
colosse - qui finira pourtant par tomber un jour
No comments:
Post a Comment