Wednesday, December 04, 2013

Citation du 5 décembre 2013


Vivre de telle sorte qu'il te faille désirer revivre, c'est là ton devoir.
Nietzsche – Fragments posthumes
Vu de loin, ce précepte est assez banal : par rapport à la mort, que pouvons-nous espérer, nous qui sommes athées – ou à peu près ? Aucun paradis, aucune destinée post-mortem ne nous attend, et tant qu’à faire, si on a le choix entre revivre notre vie, ou sombrer dans le néant, va pour la nouvelle vie. Ou plutôt va pour l’éternel retour, ce qui revient à revivre une deuxième fois cette vie que nous allons quitter, avec les mêmes joies et les mêmes peines, avec les jouissances et les souffrances que nous venons d’endurer.
Chic ! … Mais comment fait-on ? Nietzsche nous invite en effet à adopter le style de vie qui débouche là-dessus ; s’agit-il de suivre une règle, sans laquelle on de louper cette issue ? Ce serait une sorte de bouddhisme inversé : au lieu de chercher par la perfection de notre vie à échapper au cycle des renaissances (1), on chercherait à s’y maintenir.
A mon avis c’est là un contresens : il n’y a rien chez Nietzsche qui annonce cette perspective.
D’ailleurs, si nous lisons bien la citation-du-jour, on voit que ce sur quoi on agit, c’est sur le désir de revivre et non sur un quelconque mérite qui nous amènerait à cette issue.
C’est la leçon de Zarathoustra à ses disciples : Mène ta vie en sorte que tu puisses souhaiter qu’elle se répète éternellement. Mais il ne s’agit nullement d’un commandement religieux, mais d’une règle de vie morale.
… A moins de considérer que toute règle qui nous intime l’ordre d’aimer ne soit une règle religieuse : Tu dois aimer la vie se dirait comme : Tu dois aimer ton prochain.
Et en effet, seule une religion peut commander d’aimer. Même Kant avec son rigorisme éthique a reculé devant cette impossibilité : le commandement n’est pas d’aimer celui qui le mérite, mais seulement de le respecter.
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(1) Il s’agit du samsara – Voir ici

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