[Voyant Eve], l’homme s’écria : « Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair, celle-ci on l’appellera femme (hébr. = Isha) car c’est de l’homme (hébr. = Ish) qu’elle a été prise. »
Genèse 2, 23
Les contours des femm's, c'est du lard, / La chair, c'est
d'la viande.
Charles Cros - Le
Coffret de santal, Chanson des sculpteurs.
La chair des femmes se nourrit de caresses comme
l'abeille de fleurs.
Anatole France
o-o-o
Trois citations : il faut ça pour rouvrir le dossier
des rapports de la chair à la viande (1).
Eve est donc faite de chair et d’os, pas trace en elle de
viande. On en conclura qu’Adam est plus
galant que Charles Cros, ce serait vrai, mais encore un peu court.
C’est Anatole France qui nous éclaire en soulignant le
caractère immatériel de la chair des femmes qui nait sous la caresse – ce qui la
distingue radicalement de leur viande. Immatérielle ? La chair est
pourtant une réalité présente au moins depuis la création d’Eve. Quelle est
donc cette réalité ?
Lisons ce passage de ce livre consacré au corps :
« La chair est
consubstantielle au corps ; elle est une expression intime du corps alors
que la viande n’est qu’un attribut matériel du corps. […] La chair est l’indice
d’existence du corps alors que la viande n’est que l’expression de sa
matérialité. Sans chair, le corps n’a que l’épaisseur de sa viande au sens où
il se réduit à un amas sans forme ni retenu. » (Alain Milon – La
réalité virtuelle p. 40)
Le corps vivant est fait de chair, à la différence du
cadavre (ou peut-être du corps profondément endormi), qui est fait de viande.
La chair est une expression du corps, entendons qu’elle est synthèse entre la
vie organique et sa réaction aux stimuli extérieurs. Lorsque la chair frissonne
c’est soit sous l’effet de la fièvre, soit sous l’effet de la caresse.
Il est donc normal de dire, comme Anatole France que les
caresses sont comme la pâture de la chair, puisqu’en dehors de cette
stimulation elle pourrait bien se transformer en viande.
La pire des humiliations pour une femme qui est livrée à
la lubricité masculine (comme avec la prostitution – mais pas que) c’est de se
sentir comme de la viande qu’on triture et qu’on pénètre.
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(1) Voir la rubrique « chair »
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