Une robe n'a de sens que si un homme a envie de vous
l'enlever, je dis bien l'enlever, pas l'arracher en hurlant d'horreur. Un homme
ne vous aime pas pour une robe. Seulement, un jour, il vous réclamera aigrement
cette robe bleue, tu sais (aux orties depuis deux ans), qu'il n'avait pas
semblé voir. Les hommes se souviennent des robes, mais leur mémoire est
sélective.
Françoise Sagan – La
Petite Robe noire et autres textes
L’importance de la robe : Guerlain ne l’a pas oubliée
et il en a même fait le nom de son parfum – passant de la « robe
bleue » à la « robe noire » :
Notons que :
1 – Une robe a une fonction : faire désirer ce qu’il
y a en-dessous.
2 – Le désir des hommes ne se manifeste pas toujours sur
le moment (1), mais une fois qu’il a embrasé leur esprit il ne s’effacera
plus : il restera indissolublement désir de votre corps et de la petite robe bleue.
3 – La mémoire des hommes est sélective : le
souvenir qui reste marqué dans leur mémoire est celui qui a été imprégné de
testostérone.
J’en entends qui se récrient : quoi ! Encore un
de ces cliché à cent sous ! N’y a-t-il pas, pour les hommes aussi, de ces
émotions esthétiques qui foudroient comme l’éclair et les laisse sans
énergie ? Quelque chose comme le syndrome de Stendhal, ça n’est pas quand
un jupon les frôle !
Et le romantisme bordel ? N’est-il pas là justement pour rendre esthétique ce qui
est par en dessous érotique ? Sagan a quand même raison : peut-être
que tel tableau de Renoir ou de Monet n’a pas exactement la même charge émotive
selon qu’on le voit seul ou avec une nouvelle conquête.
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(1) Cf. le principe de réalité freudien.
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