Une civilisation implique des règles fixes, une discipline, le passage de l'instinctif au rationnel, la prévoyance de l'avenir, un degré élevé de culture, conditions que les foules, abandonnées à elles-mêmes, se sont toujours montrées absolument incapables de réaliser.
Gustave Le Bon – Psychologie
des foules
On connait le mépris de Le Bon pour la foule, qui aurait
le pouvoir de faire descendre l’homme en dessous de la dignité humaine – ce qui
justifiait selon lui l’existence d’un pouvoir politique autoritaire capable de
la mater.
Mais ce qu’il semble ignorer, c’est qu’entre l’individu et
la foule, il y a place pour d’autres multitudes.
- Celle des soldats marchant au pas :
Cette image de l’armée nord-coréenne confirme bien les
propos de Le Bon : la cohorte militaire est à l’exact opposé de la foule car
son allure uniforme est une image de la puissance de son maitre. Faire que la
multitude marche comme un seul homme, telle est l’image la plus saisissante du
pouvoir.
- Mais il y a aussi la foule des manifestants – par
exemple ceux qui se réunissent sur la place de l’Indépendance à Kiev depuis un
mois.
Ici, point de régression à l’instinctif, point de ces
visages déformés par la colère ou la haine, point de gestes supposant la
violence. Ce sont des individus raisonnables réunis pour faire que leurs 100000
voix réunies fasse entendre ce que la voix de chacun serait impuissante à
porter aux oreilles du pouvoir.
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