Je voudrais voir un peu Louis XIV face à un "assuré
social"... Il verrait si l'Etat c'est lui !
Louis-Ferdinand Céline
Lorsqu’on parle de l’Etat, de qui parle-t-on ? De
quoi parle-t-on ?
De l'organisation politique et juridique d'un territoire
délimité par des frontières ? Sans doute, en ajoutant toutes fois – ce que
fait Louis XIV – que le pouvoir souverain (et du souverain), garanti par ces
frontières et constitué en autorité légitime est consubstantiel à l’Etat.
Seulement voilà : de l’Etat comme fait on en est venu à une conception
fonctionnaliste de l’Etat. Au lieu de répondre à la question : Qui est
l’Etat ? On demande aujourd’hui : Que fait l’Etat ?
- L’Etat peut faire usage – ou non – de son
autorité : en Centrafrique l’absence d’Etat ruine le pays ; en Russie
son omnipotence désole les citoyens.
- Mais aussi, l’Etat peut remplir une fonction de
protection permanente des citoyens. Il peut réglementer leur vie en fonction de
leurs besoins, leur assurant un code du travail acceptable ou un prix
raisonnable de leurs lunettes. Il s’agit de la fameuse distinction entre le
droit « à » et le droit « de » : lorsque le premier a
été satisfait, on se tourne à nouveau vers l’Etat pour qu’il satisfasse le
second.
On comprend bien que la remarque de Céline vise le
caractère illimité du droit protecteur et providentialiste : même le
souverain le plus puissant ne saurait y satisfaire, parce que les besoins sont
devenus eux-mêmes illimités.
Les penseurs du 18ème siècle avaient opté pour
un droit qui prenne en compte les besoins naturels (à ne pas confondre avec le
« droit naturel ») : c’est que ces besoins-là sont limités et
faciles à cerner. Mais il n’en va plus de même aujourd’hui. Par exemple, qui
aurait cru que l’accès à des modes de communication (Internet, Haut-débit,
etc…) serait compté comme un droit essentiel que le pouvoir doit
garantir ?
Et demain ? De quoi parlera-ton en parlant des
droits de l’homme et du citoyen ?
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