Oh ! – excepté
celui dont le cœur l'a éprouvé, et a bondi triomphant sur les vastes ondes, –
qui peut dire le sentiment plein
d’exaltation et le jeu délirant du pouls, qui font tressaillir l'homme errant
sur cette voie sans bornes et sans traces ?
Lord Byron – Le corsaire, chant I
Traces I
J’ai déjà évoqué l’angoisse du triste héros de Fritz Lang
– M le maudit – qui cherche à traverser la vie en effaçant ses propres
traces, pour n’en laisser aucune.
Mais, comment effacer ses propres traces ?
Peut-être n’y a-t-il rien de spécial à faire car,
comme le supposait Derrida (voir ici), le propre de la trace c’est justement d’être
effaçable. De plus, la vie est superposition permanente de traces nouvelles et
pour reprendre l’image d’Aragon (ici), nous sommes comme le voyageur qui laisse
trainer son manteau derrière lui pour effacer la trace de ses pas en la
dissimulant sous la trace du manteau.
Toutefois, le meilleur moyen de ne pas laisser de traces,
c’est encore de ne pas en faire.
- Par
exemple en menant une vie végétative, de sorte qu’après notre mort, personne ne
s’apercevrait qu’on ne vivrait plus, comme ces vieux qu’on découvre dans leur
appartement, longtemps après leur mort, parce qu’ils n’ont pas payé leur
électricité depuis plus d’un an.
- Pas
très joyeux ? Bon : on peut, à l’opposé, passer si vite qu’on
n’aurait même pas le temps de faire une trace à laisser derrière nous :
vivre comme si on était un météore. Dans ce cas, il faut faire comme le corsaire
de Byron : bondir sur la vague, n’ayant pour borne que l’horizon. Ou plus
prosaïquement, surfer sur la vie comme sur la vague, l’effleurer à peine pour
ne laisser qu’un infime sillage qui se referme immédiatement, alors même qu’on
est déjà parti ailleurs.
Just like a rolling stone (à écouter ici)
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N.B. On aura reconnu la métaphysique de l'effleurement, mouvement philosophique fondé par moi-même - et connu seulement de moi-même - qui fait de l'existence qui passe sans laisser de traces le principe de la bonne vie. Voir ici.
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N.B. On aura reconnu la métaphysique de l'effleurement, mouvement philosophique fondé par moi-même - et connu seulement de moi-même - qui fait de l'existence qui passe sans laisser de traces le principe de la bonne vie. Voir ici.
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