… tous étaient revenus de tout. Pourtant ils étaient durs et leur discipline était de fer. C’étaient des hommes de métier. Et le métier d’homme de guerre est une chose abominable et pleine de cicatrice, comme la poésie.
Cendrars – La Main
coupée
Cendrars parle ici de la Légion étrangère, corps dans
lequel il fut versé en 1914 quand, citoyen suisse, il s’est engagé volontaire
dans l’armée française pour faire la guerre à l’Allemagne (ce que fit aussi Apollinaire).
Il évoque ses compagnons d’armes, faisant état de ce que
les films d’Hollywood ont largement raconté : les pires délinquants
deviennent des hommes de courage et de foi quand ils sont enrôlés comme soldats
– et pas seulement dans la Légion étrangère. D’ailleurs cette dernière existe
justement sur cette base : on fait confiance à la nouvelle recrue au point
de ne même pas se soucier de son passé.
Cela est bien connu. Par contre on aura un sursaut en
lisant le parallèle entre l’homme de guerre et le poète : le métier d’homme de guerre est une chose
abominable et pleine de cicatrice, comme la poésie. C’est vrai qu’on dit à
peu près tout ce qu’on veut du poète : comme personne ne sait exactement
ce qu’est la poésie, on peut y aller hardiment – personne ne pourra vous
démentir.
Selon Cendrars le poète apparait clairement comme celui
qui a une vie particulière : on ne s’improvise pas poète ; on ne nait
pas non plus poète. C’est que le poète est d’abord celui dont la vie a été
remplie d’atrocités commises ou subies.
-
François Villon un voleur qui a fait on ne sait trop quoi, ce qui lui a valu le
supplice de l’estrapade et la pendaison. (Voir ici)
-
Verlaine qui connut la prison pour avoir tiré au pistolet sur Rimbaud, son
« époux infernal ».
- Neruda
exilé par Gonzales Videla puis persécuté par Pinochet – et mort peut-être
empoisonné.
Et Blaise Cendrars ? La vie ne lui a pas réservé un
destin tragique, mais il ne s’est rien épargné qui lui eut valu ce sort – sauf
la délinquance.
Y aurait-il aujourd’hui encore d’autres Villon, d’autres
Verlaine dans nos prisons ? Avant de hausser les épaules, il faudrait
peut-être d’abord y aller pour vérifier.
1 comment:
e texte me fait pleurer que dire de plus que ce texte cela
fille d'un homme de la guerre.
fille qui peut à peu pénetre les arcanes de la poésie et les fissures , blessures qui s'y cache et que les mots rendent la lumière et enfin le partage avec les autres.
merci philopsophe de mon coeur d'être là pour soupoudrer de hauteurs ces fêtes 2013 et que vous soyez dans la joie du mystére de Noel. 2013
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