Tuesday, April 14, 2015

Citation du 15 avril 2015

J'aime les ragoûts littéraires fortement épicés, les œuvres de décadence où une sorte de sensibilité maladive remplace la santé plantureuse des époques classiques. Je suis de mon âge.
Emile Zola – Mes Haines (1866)
La décadence ne se caractérise pas essentiellement  par l’excès de sensualité mais d’abord, par celui des excitants : il faut plus d’épices dans le ragoût, parce que les consommateurs, maladifs et usés n’ont plus de sensations autrement. On comprend ainsi que c’est cette dégénérescence qui fait la décadence et non la sensualité débridée. Le décadent est imaginé les jambes maigres, le ventre trop gros surmonté d’une poitrine creuse. Par contre l’homme de l’époque classique est grand, athlétique, avec des pectoraux et des abdos de statue. Mais la décadence, quant à elle, est d’abord une affaire d’époque : les hommes décadents sont en réalité des hommes qui vivent des époques décadentes.

Et nous ? Si nous admettons que seule l’usure de la société peut nous caractériser comme décadents, vivons-nous un telle époque ? Et d’ailleurs, à la mesure de l’histoire, qu’est-ce que ça voudrait dire « époque décadente » ? Je suppose qu’on n’évoque pas une époque qui ouvre sur le néant. La décadence historique, nous l’imaginons volontiers illustrée par l’Empire romain : une décadence qui débouche sur la barbarie avant de parvenir à de nouveaux sommets de civilisation.
Les Islamistes – ou les intégristes religieux de tout poil – nous disent : vous êtes décadents, donc c’est nous les vrais civilisés : disparaissez ! Notre réponse consiste à dire que c’est l’inverse : ils sont les barbares et c’est nous qui sommes encore civilisés.
Mais de nos jours, comment s’exprime cette décadence ? Par des excès d’épices ? Pas seulement n’est-ce pas. Nous avons en plus des instruments prétendus capables de faire progresser la Civilisation.
Comme ça :



Sur la frontière entre l’Arabie Saoudite et le Yémen, le 9 avril 2015

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