Rien n'est,
pour Moi, au-dessus de Moi!
Stirner – L’unique et sa propriété
Commentaire II
Nous avons vu
hier comment Stirner argumentait sa valorisation de l’égoïsme.
Maintenant,
venons-en aux objections.
La plus
évidente se trouve en dehors de la morale au sens traditionnel.
On dira en
effet : admettons que quelqu’un cherche à sauver sa peau, et que du coup, il
vive, pense, aime pour lui seul. Mais comment peut-il être naïf au point de
croire que c’est grâce à cet isolement qu’il trouvera la satisfaction de ses besoins
et de ses désirs les plus élémentaires ? Pouvons-nous être aimé sans aimer
et sans nous dévouer pour l’autre ? Et comment espérer sauver sa peau sans
réciprocité ?
Famille,
tribu, totem, clan, patrie : le groupe humain solidaire a toujours été la
condition de l’existence de chacun. Ajoutons même que l’homme n’a jamais eu à
choisir de « faire société » avec les autres hommes : il a
toujours été dans la société, et il a toujours évolué comme être social. Etre-avec est son essence, et c’est plus
naturel qu’être l’individu unique de
Stirner. Et d’ailleurs s’il a pu concevoir ce splendide isolement, c’est parce
qu’une femme l’a porté protégé et nourri durant son enfance, parce qu’un groupe
humain l’a accueilli, éduqué et rendu autonome. L’égoïsme est un vice qui
consiste à refuser de rendre ce qu’on a reçu.
Soit. Reste
que le message de Stirner est toujours présent : admettons que nous ayons
à rendre ce qu’on nous a donné. Mais jusqu’où cela va-t-il ? Peut-on
affirmer comme Rousseau que le juge peut dire au condamné : « On a le droit de te mettre à mort parce que
jusqu’à maintenant c’est grâce à nous que tu as vécu » ? Mais
alors, comme l’esclave, chacun de nous est sous la dépendance de ceux qui l’ont
nourri et élevé comme le porcher engraisse les cochons avant de les saigner.
Et Moi, qu’est-ce que j’en pense ? Avec
Stirner je dirai que le seul altruisme qui vaille est celui qui permet à
l’individu d’exister sans les autres. Comme les parents qui élèvent leur
progéniture dans le but de la rendre capable de vivre sans eux.
Le reste,
c’est du bonus : Altruiste,
moi ? Si je le veux bien !
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