(Il faut) faire
de la publicité sans en avoir l’air.
Géraldine Michel (Libé du 11 avril – page
43)
La publicité
ou l’art d’aller masqué.
Nous avions
il y aura bientôt 9 ans, évoqué la double fonction des masques : cacher
celui qui le porte ou bien montrer autre chose. Le masque blanc, comme le loup
des adeptes du Carnaval, cachent ; celui des rites africains montre le
visage d’une divinité.
Et la
publicité ? J’aimerais à dire qu’elle fait les deux en même temps,
exercice difficile pour lequel nos « créatifs » sont grassement
payés. En effet, la publicité se donne pour tâche de vous faire oublier un
instant que vous n’êtes – par exemple – qu’un pauvre type tout juste capable de
siroter sa bière de canapé, en vous mettant dans la peau d’un super beau-mec sapé comme un Dieu ; ou
bien, madame, que vous n’êtes qu’une ménagère de moins de 50 ans, certes, mais
quand même bien grassouillette, parce que
vous pouvez devenir une super-nana qui court tout le temps, sa bouteille de
Contrex sous le bras.
Mais en même
temps, et je dirai que c’est vraiment essentiel, la publicité se cache sous son
message. Pourquoi fait-elle si souvent rire ? Est-ce pour retenir
l’attention ? Certes, mais aussi pour faire oublier le message
publicitaire.
Elle y
parvient aussi en faisant croire que ce message est une information, et plus
malin encore, c’est une information qui vante le produit « de
biais » : ainsi de cette série de spots où on voit des jeunes gens
qui expliquent à leurs ainés ringardisés que eux, leurs enfants, utilisent déjà
ces produits dont les vieux parents ne soupçonnent même pas l’existence, ou
bien qui les dénigrent à tort.
La publicité
est obligée de leurrer non seulement par calcul, mais parce qu’elle ne pourrait
pas exister sans cela : sinon, comment pourrait-elle vendre du vent – ou
du rêve selon le cas.
J’ai l’air de
mépriser la publicité : c’est vrai parfois, mais pas toujours. Par
exemple, j’adore les publicités qui ont la tâche impossible de vanter des
produits dont on ne parle pas en société : comme les laxatifs, ou les
pompes funèbres.
--> Supposez
que vous êtes un publicitaire : vous devez expliquer aux gens qu’avec les
dragées Fuca ils vont arriver à
faire caca ; ou bien que vous êtes un entrepreneur de pompes funèbres, et
qu’il serait plus digne de s’en remettre à eux pour enterrer Grand-Père. Pas
facile…
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