L'ironie est la bravoure des faibles et la lâcheté des
forts.
A.
Berthet (1)
Nous lisons dans le TLF, la définition suivante :
« L’ironie, en grec ancien : εἰρωνεία
(eirōneía), est une figure de style où l'on dit le contraire de ce qu'on veut
faire entendre, et par extension une moquerie ». L’ironie est une
attitude chère à Socrate, qui faisait l’ignorant pour amener son interlocuteur
à montrer qu’il ne savait pas de quoi il parlait. Grâce à cette fausse modestie, l’ironie permet de
porter une critique tout en se ménageant une porte de sortie : c’est un
peu comme ce qu’on appelle aujourd’hui le second degré, qui permet de dire des
horreurs sous couvert de rigolade. On apprécie… ou pas.
Commentons la Citation-du-jour – Le contraire de l’ironie
est le sérieux : les faibles qui
n’ont pas la force de dire sérieusement ce qu’ils pensent sous peine de se
faire battre, auront la possibilité de le faire quand même sous couvert
d’ironie. Quant aux forts, s’ils manient l’ironie, c’est par
pusillanimité : même les forts peuvent être lâches, quand c’est par manque
de courage qu’ils renoncent à l’usage de leur force – qui serait de dire
sérieusement ce qu’ils pensent.
Si l’on s’en tenait là, je dirais volontiers que l’on passe
à côté de quelque chose d’important : l'ironie est aussi le plaisir – peut-être pervers – de
déstabiliser quelqu’un en le mettant en porte à faux grâce à un énoncé à double
sens. Un peu comme aux échecs, quand on arrive
à menacer deux pièces en même temps : l’adversaire pourra bien en
protéger une mais pas l’autre.
On dit que le séducteur est quelqu’un qui se cache pour obtenir
ce qu’il désire : un séducteur démasqué a perdu la partie. Eh bien pour moi,
l’ironiste fait de même : la suprême victoire de l’ironie, c’est de passer
inaperçue.
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(1) A rapprocher de la Citation-du-Jour d’août 2006 : « L'ironie,
c'est le courage des trouillards ! » Catherine Rihoit - Entretien avec
Bernard Pivot - Avril 1980
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