Christian
Huyghens – A propos de Ninon de Lenclos
Printemps II
Oui, nous avons déjà rencontré le printemps hier sous la
forme d’un beau jeune homme doué
d’une virilité débordante. La parité l’exige : nous devons à présent nous
intéresser à la féminité printanière
– ou plutôt à ses effets sur l’homme.
Huygens a beau être un mathématicien il n’en est pas moins
homme (1). Les mains de la belle dame sont des instruments – entendez des
moyens de séduction. Les laisser voir fait se pâmer l’amoureux. Idem pour les yeux –
Ah ! Le regard de Ninon !...
Seulement voici que le dernier instrument ne se laisse pas
nommer comme les autres. C’est qu’aussi il n’existe pas par lui-même mais
seulement par l’effet qu’il produit sur les hommes – le quel effet n’est en
réalité qu’une action qui nécessite d’être fringant et leste, comme quand on
monte à l’assaut d'une position fortement défendue.
Vous me suivez ?
Je devine que vous me précédez.
Oui, alors que toute seule dans son lit, le soir, avant de
fermer ses beaux yeux, son regard existe par lui-même, pour lui-même – il
irradie doucement l’obscurité. Et ses belles mains blanches ? Elles sont toujours aussi adorables quand
elles étreignent la couverture.
Mais… son sexe… Ah, son sexe ! Seul au fond de son lit,
pris dans l’ombre de son ventre, ce n’est que de la muqueuse humide, des babines
pendantes sur des replis ombreux… Tandis que frôlé par le désir masculin, le
voici qui, d’un coup, prenant un reflet nacré, rejetant fièrement son capuchon,
appelle la virilité fringante et leste…
On a compris la leçon : sans femme, l’homme reste
l’homme. Sans homme, la femme n’est plus elle-même. (Me tapez pas ! Aïe !
Pas sur la tête !)
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(1) Qu’on se rappelle l’étrange réputation faite aux
mathématiciens par la courtisane fréquentée par Rousseau et déçue de sa
frigidité : Zanetto, lascia le
donne, e studia la matematica, lui dit-elle. Voir ici.
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