Ô France,
adieu ! tu es trop grande pour n’être qu’une patrie. (…) Tu ne seras plus
France, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation, tu seras ubiquité. Tu es
destinée à te dissoudre tout entière en rayonnement, et rien n’est auguste à
cette heure comme l’effacement visible de ta frontière.
Victor Hugo – Actes et paroles (Lire le
texte complet en Annexe)
En cette
saison de repli identitaire et frileux, on aimerait que quelqu’un comme Victor
Hugo se lève et se lance dans cet éloge magnifique : France, tu es trop grande pour n’être qu’une patrie ! Rien n’est auguste comme l’effacement des
frontières.
Oui, il fut
un temps où la France paraissait ouverte à tous les hommes de bonne volonté et
où la Civilisation française, issue des Lumières de la Révolution s’efforçait
d’éclairer le monde. Un temps où les français offraient aux américains le
flambeau de la liberté comme on passe la flamme olympique.
Alors, c’est
vrai qu’on reproche aujourd’hui à la France d’être une donneuse de leçon
prétentieuse et insupportable, qui se vante d’être la « patrie des droits
de l’homme », et qui refuse les réfugiés, qu’ils soient fugitifs de Syrie
ou d’ailleurs, en les stigmatisant comme envahisseurs (1). Et on a bien raison
du moins tant que la France ne saura pas hisser ses exigences morales envers
elle-même au niveau de ses prétentions à l’égard du monde.
Et si on
faisait comme si le discours de Victor Hugo était encore d’actualité ? Si
on estimait que les frontières doivent suivre le contour du rayonnement du
pays ? (Et donc les repousser au lieu de les resserrer ?)
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(1) On aura
reconnu le thème de la campagne anti-réfugiés de Robert Ménard à Béziers.
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Annexe.
« Ô
France, adieu ! tu es trop grande pour n’être qu’une patrie. On se sépare de sa
mère qui devient déesse. Encore un peu de temps, et tu t’évanouiras dans la
transfiguration. Tu es si grande que voilà que tu ne vas plus être. Tu ne seras
plus France, tu seras Humanité ; tu ne seras plus nation, tu seras ubiquité. Tu
es destinée à te dissoudre tout entière en rayonnement, et rien n’est auguste à
cette heure comme l’effacement visible de ta frontière. Résigne-toi à ton
immensité. Adieu, Peuple ! salut, Homme ! Subis ton élargissement fatal et
sublime, ô ma patrie, et, de même qu’Athènes est devenue la Grèce, de même que
Rome est devenue la chrétienté, toi, France, deviens le monde. » (1867)
Lire le reste ici
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