Personne ne
peut ruiner le gouvernement mieux que le gouvernement lui-même.
Boris Vian – Henri Salvador s'amuse
(1956)
Un président
ne devrait pas dire ça.
François Hollande (titre du récent livre
de confidences du Président français)
Il y a un
moment où la vie politique s’anime, où les hommes et les femmes qui s’y agitent
baissent le masque, où la vérité crue parvient à percer. D’habitude il s’agit
des moments de trahissons, de débauches qui font scandales, de photos volées –
bref, on a coutume de découvrir la réalité en regardant par le trou de la
serrure.
Et puis, il y
a des moments plus rares où c’est
l’homme ou la femme politique qui vous ouvre la porte de son cabinet secret et
qui vous invite à y entrer pour faire l’inventaire de ce qui s’y trouve caché.
Simplement il y a habituellement un décalage temporel : on attend d’avoir
quitté le pouvoir pour publier un livre de souvenirs ou de règlement de comptes :
les élus gardent leur secret inviolé durant l’exercice de leur mandat.
C’est là que
se situe l’épisode actuel : François Hollande, Président de la République,
a donné carte blanche à deux journalistes pour glaner auprès de lui des
informations, confidences, réparties ironiques ou cruelles sur les proches amis
ou ennemis ; il a renoncé à l’avance à relire le livre avant parution pour
en rectifier certains passages ; et pour faire bonne mesure il ne s’est pas
donné le contrôle de la date de la publication. Bref, voilà notre Président
pieds et poings liés avec son consentement. Ça vous fait penser à quelque
chose ?
Oui, c’est
cela n’est-ce pas ? Vous imaginez que le Président français est un adepte pervers
et délirant du bondage, et qu’après
avoir révélé au grand public ses frasques d’homme infidèle soumis aux turpitudes
ses pulsions, le voilà qui s’affiche dans une posture de masochiste qui fournit
lui même les cordes pour l’entraver ?
Peut-être.
Mais supposez que vous ayez là une audace d’homme libre, un élu du peuple qui
se tourne vers lui et qui lui dit : « Voyez, j’ai le courage de me montrer devant vous, tel que je suis.
Soyez mon confesseur et que votre absolution me rende ma légitimité pour
briguer un nouveau mandat. »
Voteriez-
vous pour un homme pareil ? Iriez-vous donner votre confiance à celui
qui ose tout révéler, qui refuse les replis de conscience où se cachent – chez
les autres – de bien vilaines choses ? – Non !
Hélas…
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