L’exercice du pouvoir, c’est le respect du secret.
Manuel
Valls, Premier Ministre
J'aime ce Dieu Harpocrate, son index sur sa bouche.
Maurice
de Guérin Journal, lettres et poèmes – Edition 1865 (cité le 18 juillet 2015)
Statue
d’Harpocrate Dieu du secret exposée au Palais du Luxembourg (siège du Sénat)
Qu’on me permette de revenir sur le livre, qui fait scandale
en ce moment, où on peut lire les propos privés et en principe non destinés à
être répandus sur la place publique de François Hollande. Le Premier Ministre
rappelle comme un principe absolu que gouverner c’est garder le secret.
Il ne s’agit pas pour moi de reprendre les confidences du
Président pour gloser dessus. Il s’agit de s’interroger sur la concomitance de
l’exercice du pouvoir et du secret. Certes Machiavel a largement expliqué que
le secret est indispensable au Prince qui veut exercer le pouvoir sans avoir à
affronter une opposition qui le mettrait en péril. Mais Machiavel explique
aussi que les hommes sont naturellement méchants et que vouloir les gouverner
avec leur accord est impossible – d’où la nécessité de leur dissimuler les
vraies intentions du pouvoir ; nous autres démocrates avons cru qu’il en
allait autrement. Si notre idéal est la démocratie directe, alors plus de
secret : le pouvoir s’exerce au grand jour, sur la place publique car
c’est d’elle que procèdent les lois – qu’on songe aux votations suisses.
… Mais justement : voyez les lois issues de ces
votations : suppression des minarets ; refus de laisser des étrangers
pénétrer sur le territoire ; interdiction du salaire minimum… Et si pour
exercer un pouvoir égalitaire et magnanime il fallait mentir au peuple, et
garder le secret sur les hospices qu’on ouvre et sur les lieux de détention
qu’on ferme ?
Quelle belle idée ! Que la politique soit un domaine où
l’on fait le bien en se dissimulant, où la générosité doit se cacher sous les
traits austères du refus – comme d’accorder l’asile à des malheureux en
faisant mine de les reconduire à la frontière ?
No comments:
Post a Comment