A quoi bon un Dieu, si l’homme est libre ?
Eric-Emmanuel
Schmitt – L’homme qui voyait à travers les visages (p.379)
On s’est tant de fois demandé si l’homme pouvait être libre
alors qu’il devait son existence à la création divine… C’est que la puissance
qui est en l’homme est du même coup refusée à Dieu. Par exemple, les doctrines
de la prédestination refusaient de croire que nous étions libres de faire notre
salut, parce que ce serait priver Dieu de cette liberté de choisir qui il va
faire entrer au Paradis.
Oui, la liberté assumée implique l’incroyance – ou lors, disons que Dieu nous regarde et qu’Il ne
fait rien, comme un Dieu qui aurait pris sa retraite !
Mais même en ce cas, pouvons-nous dire que Dieu ne sert à
rien ? En effet, Dieu pourrait encore servir en fonction d’un rôle que
nous, ses créatures, nous lui attribuons.
Enumérons :
-
Une fonction harmonisante : Tous les hommes sont frères parce
qu’ils sont tous créatures de Dieu. En aimant chacun d’eux, c’est aussi Dieu,
tapi en leur âme, que j’aime,
- Une fonction
cognitive : la cause première sert, dans l’ordre de la connaissance à
expliquer l’univers, ainsi que l’homme et tout ce qui existe.
- Dieu est également
un juge de paix : « Dieu vous le rendra » dit le mendiant,
et la victime d’une injustice : « Il ne m’emportera pas au
Paradis ».
- Réciproquement, Dieu
est aussi le principe de l’ordre social, qui contraint chacun à bien se
conduire parce que, ou que tu sois, « Dieu te vois » !
- Faut-il ajouter que Dieu sert à garantir le bon
déroulement de nos actes ? Inch’Allah !
dit le musulman, signifiant que l’homme fait ce qu’il peut, et que ça marche ou
pas, c’est de toute façon une décision de Dieu.
Mais cela, ce serait revenir sur notre point de départ et
dire qu’en nous la liberté n’est qu’une illusion.
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