Le hasard ne conçoit pas, n'ajuste pas, n'organise pas. Le
hasard ne fait que de la bouillie.
Barjavel
– La faim du tigre
Bref : le hasard produit de l’entropie, et c’est tout.
L’entropie, c’est l’homogénéité produite par le désordre. Par exemple, je
pioche un livre dans un tas de livres – et avant d’en tirer un autre, je
me demande si je peux deviner quel sera le suivant : c’est impossible de
le dire, parce qu’ils sont tous mélangés, comme dans un appartement en
désordre, où la chaussette sale côtoie la part de pizza et que les lunette sont
rangées dans le frigo.
Le même désordre existe partout où il est impossible de trouver un ordre établi. En conséquence, ce qui est devenu homogène par
entropie est immuable, puisque rien ne peut être différencié, ce qu’on peut
trouver dans telle zone doit être aussi probable que ce qu’on peut découvrir
dans n’importe quelle autre, aujourd’hui comme dans des siècles et des
siècles... Les différences ne sont que des choses insignifiantes, parce que le hasard ne fait que de la bouillie.
Toutefois, la science s’est construite en admettant l’existence
du hasard, sachant qu’il produit aussi les lois et leur nécessité :
l’exemple est l’évolution des espèces vivantes, qui résulte de mutations
génétiques aléatoires, qui engendrent des modifications des individus qui se
conservent par sélection naturelle. Que sur des milliers de milliards de
mutations, une seule soit avantageuse, elle ne donne certes l’avantage qu’à un
seul individu, mais celui-ci va se reproduire et engendrer des descendants qui
comme lui vont bénéficier de cette capacité supplémentaire : et voilà une ramification qui
va se développer et donner à sont tour l’occasion à d’autres mutations
aléatoires de venir compléter l’acquis du changement précédent. On voit que
l’erreur de Barjavel est d’avoir oublié de parler du rôle du milieu qui filtre
le hasard et élimine les cas sans intérêt.
Le principe est le même pour la matière inanimée, celle
qu’étudie la physique, ou l’astrophysique. Etant donné un phénomène aléatoire
A, un autre phénomène aléatoire B est également possible, mais il
n’est pas également possible qu’il devienne permanent. Des astrophysiciens ont
cru utile de postuler un « principe anthropique » (1), permettant de
restituer des étapes ignorées de l’histoire de l’Univers en supposant qu’elles
ont suivi la pente qui menait à l’apparition de l’homme dans le cosmos. Mais il
n’est pas nécessaire de faire appel à un tel principe entaché de finalisme et
donc de métaphysique : les lois qui se sont formées peu à peu – en
quelques milliardièmes de secondes – après le Big-Bang suffisent amplement.
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(1) « Anthropique » et non
« entropique »…
1 comment:
merci très beau point de vue diff&rent de ceux qui disent que le hazard est une caresse de Dien dans sa discrétion;
merci
jean pierre
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