Wednesday, October 05, 2016

Citation du 6 octobre 2016

Le hasard ne conçoit pas, n'ajuste pas, n'organise pas. Le hasard ne fait que de la bouillie.
Barjavel – La faim du tigre
Bref : le hasard produit de l’entropie, et c’est tout. L’entropie, c’est l’homogénéité produite par le désordre. Par exemple, je pioche un livre dans un tas de livres – et avant d’en tirer un autre, je me demande si je peux deviner quel sera le suivant : c’est impossible de le dire, parce qu’ils sont tous mélangés, comme dans un appartement en désordre, où la chaussette sale côtoie la part de pizza et que les lunette sont rangées dans le frigo.
Le même désordre existe partout où il est impossible de trouver un ordre établi. En conséquence, ce qui est devenu homogène par entropie est immuable, puisque rien ne peut être différencié, ce qu’on peut trouver dans telle zone doit être aussi probable que ce qu’on peut découvrir dans n’importe quelle autre, aujourd’hui comme dans des siècles et des siècles... Les différences ne sont que des choses insignifiantes, parce que le hasard ne fait que de la bouillie.

Toutefois, la science s’est construite en admettant l’existence du hasard, sachant qu’il produit aussi les lois et leur nécessité : l’exemple est l’évolution des espèces vivantes, qui résulte de mutations génétiques aléatoires, qui engendrent des modifications des individus qui se conservent par sélection naturelle. Que sur des milliers de milliards de mutations, une seule soit avantageuse, elle ne donne certes l’avantage qu’à un seul individu, mais celui-ci va se reproduire et engendrer des descendants qui comme lui vont bénéficier de cette capacité supplémentaire : et voilà une ramification qui va se développer et donner à sont tour l’occasion à d’autres mutations aléatoires de venir compléter l’acquis du changement précédent. On voit que l’erreur de Barjavel est d’avoir oublié de parler du rôle du milieu qui filtre le hasard et élimine les cas sans intérêt.
Le principe est le même pour la matière inanimée, celle qu’étudie la physique, ou l’astrophysique. Etant donné un phénomène aléatoire A, un autre phénomène aléatoire B est également possible, mais il n’est pas également possible qu’il devienne permanent. Des astrophysiciens ont cru utile de postuler un « principe anthropique » (1), permettant de restituer des étapes ignorées de l’histoire de l’Univers en supposant qu’elles ont suivi la pente qui menait à l’apparition de l’homme dans le cosmos. Mais il n’est pas nécessaire de faire appel à un tel principe entaché de finalisme et donc de métaphysique : les lois qui se sont formées peu à peu – en quelques milliardièmes de secondes – après le Big-Bang suffisent amplement.
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(1) « Anthropique » et non « entropique »…

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

merci très beau point de vue diff&rent de ceux qui disent que le hazard est une caresse de Dien dans sa discrétion;
merci
jean pierre