Je t’ai déjà dit que je t’aimais bien, en gros et en détail.
– Alors, détaille, murmura Chloé, en se laissant aller dans les bras de Colin,
câline comme couleuvre.
Boris
Vian – L'Ecume des jours (1947)
Quand on aime, qu’est-ce qu’on aime ? Le charme peut-il
se détailler ? S’analyser ? Ce mouvement de tête pour remonter une
mèche, ce geste de la main pour fouiller au fond du sac, ces lèvres qui font la
moue… Alors que l’amant devient aveugle parce qu’il s’est crevé les yeux en
approchant de trop près le corsage de l’aimée (1) – elle, petite narcisse
insatiable exige qu’on détaille ses charmes pour en jouir davantage :
« - Tu vois mes pieds dans la glace ? .....Oui
- Tu les trouves jolis ? - Oui, très !
- Et mes chevilles, tu les aimes ? - Oui .....
- Tu les aimes mes genoux aussi ?
- Oui, j’aime beaucoup tes genoux
- Et mes cuisses ? - Aussi !
- Tu vois mon derrière dans la glace ? - Oui
- Tu les trouves jolies mes fesses ? - Oui, très ! -
- Je me mets à genoux ? - Non, ça va ..
- Et mes seins tu les aimes ? - Oui, énormément !
- Doucement, pas si fort ! - Pardon ! -
- Qu’est ce que tu préfères mes seins ou la pointe de mes
seins - Je sais pas ; c’est pareil
- Et mes épaules tu les aimes ? - Oui - Je trouve qu’elles
sont pas assez rondes - Et mes bras ? Et mon visage ? - Aussi ! - Tout ? Ma
bouche, mes yeux, mon nez, mes oreilles ?
- Oui, tout !
- Donc tu m’aimes totalement
- Oui, je t’aime totalement, tendrement, tragiquement
- Moi aussi Paul ! » (Dialogue Bardot-Piccoli extrait
du film Le mépris de Jean-Luc Godard)
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(1) On aura reconnu la chanson de Brassens.
1 comment:
vian et LLL bisous
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