Sunday, June 10, 2007

Citation du 11 juin 2007

Définition - La philosophie, c'est l'art de se compliquer la vie en cherchant à se convaincre de sa simplicité.

San-Antonio - Les pensées

Voici une définition de la philosophie faite par un non-philosophe (d’ailleurs aucun philosophe ne se risquerait à définir la philosophie)

Quelle image San-Antonio a-t-il de la philosophie ? Celle d’une théorie morale. Théorie, parce que c’est compliqué à trouver et encore plus à comprendre. Morale parce que cette théorie produit des principes organisant l’existence.

Je ne vais pas ferrailler avec lui sur ce sujet. Mais en revanche je prends acte du fait que là encore en parlant de philosophie, on parle de philosophie morale (on pourrait sans doute ajouter « politique »). Constatons que l’usage le plus courant du mot est à peu près synonyme de sagesse stoïcienne, autant dire de résignation : prendre son sort avec philosophie, c’est ne pas lutter contre ce qui nous arrive. Ce n'est donc ni leur physique ni leur logique que nous retenons, c’est leur morale qui est devenue le modèle de toute philosophie dans l’usage populaire.

Aujourd’hui encore, s’il y a une demande vis-à-vis de la philosophie, c’est essentiellement pour donner du sens à l’existence. Autant dire que la philosophie se limite au domaine de l’action.

Ça, c’est le côté lumineux de la philosophie, celle qui fait qu’on va vous tirer par la manche si vous vous dites philosophe pour vous demander de répondre à des questions sur le sens de la vie. Mais il y a le côté obscur de la philosophie, celui qui vous isole irrémédiablement des autres, cette complication qui fait peur ou qui fait rire (l'art de se compliquer la vie) en tout cas qui est incompréhensible (1).

Entre les deux, il y a l’expérience faite par beaucoup de l’enseignement de philosophie reçu en terminale. C'est lui qui va déterminer l’attitude vis à vis de la philosophie (bien qu’en réalité il s'agisse souvent d'une attitude vis à vis du prof de philo).

Et puis il y a le bac (2)… Tous les profs de philo vous diront la même chose : si on rencontre quelqu’un pour la première fois, et si on lui dit qu’on enseigne la philo, on est sûr que cette personne va nous dire dans les minutes qui suivent quelle note elle a obtenu au bac. J’imagine que vous n’iriez pas dire votre note de maths ou d’anglais. Peut-être même que vous l’avez oubliée. Mais pas la philo.

Au fait et vous, vous avez eu combien ?

(1) Lorsque je distribuais à mes élèves des textes qui contenaient un coquille facile à repérer et à corriger, ils ne la corrigeaient jamais parce qu’ils considéraient qu’en philosophie ces mots bizarres et inconnus existaient probablement.

(2) A propos c’est pour aujourd’hui. Vous avez préparé vos anti-sèches ?

10 comments:

Mylagan said...

Ah, amusant ! San-Antonio n'a peut être pas tord, quoique, la philo est-elle vraiment un art ? Peut être...

Personnellement, l'idée que je me fais de la philo....ou plutôt des philosophes (j'espère que vous ne le prendrez pas mal, c'est mon avis tout "cru" mais sachez que je respecte tout le monde) : chacun croit qu'il détient LA vérité, et de ce fait, se croit (bien souvent) supérieur aux autres. Or personne ne la détient (si ?), aussi, l'important (pour moi) est d'être humble, de garder un esprit ouvert et de ne pas passer tout son temps à méditer. C'est "ma philosophie" :)

Il y a une autre citation concernant la philo qui m'amuse :
"Quand un philosophe vous répond, on ne comprend même plus ce qu'on lui avait demandé." André Gide

j'ai oublié ma note de philo au bac, je me souviens juste que ça ne volait pas haut ! Mais ai-je eu un bon prof ?...ah, ah...

En tous cas, bon courage à ceux qui planchent en ce moment sur les épreuves de cette matière !

Anonymous said...

14 au bac en mon temps. J'étais souvent en conflit avec mon professeur. Il était fan de Rousseau, moi de Sade ...

Anonymous said...

Je confirme pour la note de philo au bac. C'est effectivement généralement ce que l'on entend dans la minute quand on se dit prof de philo.
Sinon, je m'insurge contre l'idée que personne ne détient la vérité. J'ai la prétention de la détenir sur un très grand nombre de sujets.
Par exemple : je pense que Nicolas Sarkozy est l'actuel président de la République française, que 2 + 2 = 4, et que la Terre tourne autour du soleil.

Djabx said...

J'ai eu 4 à mon bac de philo...
Je sais, c'est pas très beau, c'est pourquoi je tâche de me rattraper ici :P

Mais "pour ma défense", j'étais en filière technologique, et comme j'aime bien les math, j'ai très vite compris qu'un coef 1 contre 3 coef 9 ne valait pas le coup. J'ai donc préféré bacler ma disertation en moins de 2h (sur 4h) afin d'aller faire la fête avec les copains (oui, pendant le bac... une vrai honte ... ou pas)

Anonymous said...

La digression est au discours, ce que la neige est à chemin de montagne, une perte de temps.

F. Dard Les Cons

Anonymous said...

Aïe,

qualifier quelqu'un de non philosophe, c'est assumer la contraposée?
Quand je vois le prof, le Stampel n'est pas loin.

Que Castillon vous pardonne cette estampille

Jean-Pierre Hamel said...

- Il était fan de Rousseau, moi de Sade ...
Sade et Rousseau… ça devait faire des étincelles en effet… Je me rappelle avoir fait circuler parmi mes élèves « la philosophie dans le boudoir ». Je ne l’ai récupéré qu’à la fin de l’année et en fort mauvais état. J’ajoute qu’il s’agissait des filles de TL : comme quoi la « philosophie » de Sade est vraiment universelle….

- chacun croit qu'il détient LA vérité, et de ce fait, se croit (bien souvent) supérieur aux autres : entièrement d’accord avec Pierre-Jean. LA vérité existe, et ce n’est pas forcément ce que le philosophe recherche. Ce qu’il recherche aussi, c’est le SENS. Alors, oui, il peut y avoir plusieurs sens. Mais il faut :
1 - trouver le sien et l’assumer ;
2 - savoir entre quoi et quoi on a choisi
3 - savoir quelles sont les conséquences de notre choix.
Alors d’accord pour dire qu’on va pas passer sa vie à méditer. Mais accordez-moi que ça fait du boulot quand même.

- suivent deux messages ésotériques : s’agit-il de codes secrets entre agents du même nom ?

Jean-Pierre Hamel said...

Pour Alexandre : Platon disait qu’on ne devait pas se mettre à la philosophie avant l’âge de 50 ans. Sans doute voulait-il dire que c’était l’âge où on devenait disponible pour la philosophie parce qu’alors on n’avait plus envie de faire la fête.

Mylagan said...

D'accord, maitres Pierre Jean et Jean Pierre...on va dire que vous avez raison.
Malheureusement mon idée se confirme...Bonne recherche quand même !

Djabx said...

Merci de me conforter dans ma démarche.
Mais en effet, même s'il est vrai que je prends bien plus de plaisir qu'en terminal à "philosopher" (dans le sens: réfléchir sur ce qui m'entoure, mieux évaluer mes actes et mes choix, ceux des autres, et agir de façon concordante à une ligne de conduite que j'essaie tant bien que mal de me fixer), je remarque en effet que chaque jour je deviens moins "con" fort de mon "expérience passé", et du regard critique que je peux porter sur lui.

Ainsi, à la vitesse où j'avance, je pense en effet que l'age de 50 ans pour commencer à philosopher est un objectif raisonnable...