Thursday, November 01, 2007

Citation du 2 novembre 2007

L'avenir, c'est ce qui dépasse la main tendue.

Louis Aragon

Qu’est-ce qu’une citation ? C’est ce qui donne à penser, quitte à la trahir, quitte à la déformer.

Une citation, c’est un tremplin pour se mettre à penser.

Application - A quoi pensez-vous quand vous lisez : L'avenir, c'est ce qui dépasse la main tendue ?

- 1ère idée : en fait il s’agit d’une image. Je vois une main à demi ouverte. Entre les doigts formant corole, un rayon lumineux s’élance, grimpant dans un ciel bleu. Romantic is’nt it ?

- 2ème idée : erreur de lecture. Je crois bien que j’ai lu en fait « L'avenir, c'est ce qui dépasse de la main tendue ». Alors, c’est mon erreur qui me révèle la véritable pensée d’Aragon. J’ai limité sa phrase à un sens précis : l’avenir n’est rien d’autre que le produit du projet ou de l’espérance humaine ; il n’a pas d’existence si ce n’est par notre effort créateur. Voilà : ça, c’est mon erreur de lecture. En fait Aragon peut tout aussi bien dire « L’avenir c’est ce vers quoi je tends la main sans pouvoir l’atteindre. » Vouloir attraper la lune et ne pas y parvenir ne signifie pas évidemment que la lune soit mon invention.

L’avantage des citations, c’est leur brièveté : car c’est cela qui rend possible leur polysémie. Sans cela, nous ne pourrions reprendre cette citation à notre compte, parce qu’elle serait verrouillée sur une position qui risquerait bien de ne pas coïncider avec notre propre pensée.

Mais alors, si tout l’intérêt d’une citation, c’est de s’adapter à notre pensée - et non l’inverse - quel avantage alors à lire des commentaires de citations ? Sans doute ne m’appartient-il pas de le dire. Mais ce que je m’efforce de faire, c’est de lancer un appel à un commentaire futur plutôt que de fermer sur lui la porte.

Un citation, c’est ce qui dépasse l’explication tendue vers elle…

2 comments:

Djabx said...

Bonjour,

Moi en lisant cette citation, je vois une main tendu (face vers le bas) dans le prolongement du bras (donc lui aussi tendu), au premier plan qui est un peu floue, et l'arrière plan (lui net) nous montre des montagnes.

Jean-Pierre Hamel said...

Voilà, c'est une image qui elle-même est susceptible d'élucidation, mais surtout c'est une image. Et c'est sans doute ça qui fait la force d'un poème : susciter non pas des pensées (elles viendront l'instant d'après peut-être, ou pas du tout), mais des visions -