Sunday, November 04, 2007

Citation du 5 novembre 2007

C'est une des superstitions de l'esprit humain d'avoir imaginé que la virginité pouvait être une vertu.

Voltaire

Voltaire relève ici l’écart entre la chose et le symbole : du pucelage à la vertu il n’y a selon lui d’autre rapport que fantasmé.

Soit. Mais en rejetant sans plus la valeur de ce symbole, il passe à côté de choses bien surprenantes.

- Si la virginité est une vertu, de quelle vertu s’agit-il ?

Question qui pourrait surprendre ceux qui imaginent que la pureté de la Vierge Marie nous révèle l’essentiel de la virginité : car c’est bien cela qui vient d’abord à l’esprit. Mais très vite, la virginité se dégrade en naïveté : on parle cette fois de la fille vierge, comme de celle qui n’a aucune expérience de la sexualité (1).

Mais nous oublions en chemin une très vieille tradition qui fait de la femme guerrière une vierge. Ça commence avec Athéna, déesse guerrière et chaste. Artémis, notre Diane chasseresse, idem (encore que pour elle l’imaginaire occidental à engendré de nombreuses représentations du Bain de Diane).

Mais ne laissons pas dans l’ombre ce qui nous est sans doute le mieux connu : la Valkyrie.

Les Valkyries, dans la mythologie nordique, sont des vierges guerrières, dont Wagner a fait une peinture musicale particulièrement évocatrice (2).

- Venons-en à l’essentiel : qu’est-ce qui fait que la vierge de pureté puisse aussi être la vierge farouche et sanguinaire ? Certes on sait bien que la vertu de la morale (à la quelle pense Voltaire) est aussi vertu la force (virtu de Machiavel). Mais ça n’explique pas grand chose.

Deux idées peuvent nous aider à y voir plus clair :

- D’abord, l’idée que l’énergie du combattant exclut un gaspillage des forces. La sexualité absorbant une part des forces de l’individu, la soustrait ainsi à un autre usage (d’où l’obligation faite aux sportifs d’une abstinence sexuelle avant l’exploit qu’ils doivent accomplir).

- Et puis, concernant les guerrière indomptées, l’idée que dans l’acte sexuel la femme est dominée par l’homme. La Valkyrie n’a jamais accepté la domination, ne peut donc avoir rencontré un homme ailleurs que le glaive à la main.

On est très loin de Marie-Mère-de-Dieu…

(1) On considérait autrefois qu’il y a des degrés dans la virginité : d’une pucelle qui avait été associée à des débauches sans pour autant avoir été déflorée, on disait qu’elle avait été « déveloutée » : poétique, non ?

(2) Aujourd’hui, le nombre de sites proposant en téléchargement pour les téléphones portables la Chevauchée des Valkyries est effarant.

No comments: