Tout créateur sort de la norme. Toute innovation est anormale.
Boris Cyrulnik – L'Ensorcellement du monde
- Dites donc, les Parents, votre gamin, là, il serait pas surdoué par hasard ?
- Lui ? Comment pouvez-vous dire une chose pareille ? A l’école, on fait comme s’il n’existait pas ; il est toujours seul et il ne joue jamais avec les autres dans la cour de récréation. Et puis en classe, c’est un rêveur qui n’écoute pas ; ou bien, il fait autre chose que ce qu’on lui demande.
Mais qu’est-ce qu’on va pouvoir faire de lui ?
- Rassurez-vous, chers parents : les surdoués ne sont pas seulement ceux qui battent leur père aux échecs à 6 ans ou qui savent jouer Jésus que ma joie demeure à 2 ans et 8 mois (1).
Car, voyez-vous, les plus doués de nos contemporains sont de deux ordres : il y a ceux qui font marcher ce que d’autres ont inventé – ou qui inventent ce qu’on voudrait voir fonctionner. Et puis il y a ceux qui créent ce à quoi on n’avait jamais pensé, des ingénieurs de génie ou des artistes. J’ai toujours été déçu qu’Einstein ait été impliqué dans le projet Manhattan : non pas que ce fut un projet criminel, mais parce que le génial inventeur de la Relativité ne pouvait être aussi le technicien qui applique ses découvertes à une réalisation aussi prosaïque que la Bombe.
Revenons à nos bambins : voyez ce petit garçon. C’est bientôt Noël, et sa grand-mère lui dessine un paysage de neige avec des sapins sur une feuille pendant qu’il la regarde. Le dessin est terminé : il prend une gomme, efface les sapins et redessine par-dessus ceux qu’il préférait imaginer.
C’était pas le mieux pour recevoir de beaux cadeaux à Noël, mais ça permet d’espérer de devenir quelqu’un d’intéressant plus tard…
(1) Le surdoué de l’année il s’appelle Edwin, et son histoire est racontée ici
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