To win, the “yes” needs the “no” – to win, against the “no”.
Jean-Pierre Raffarin – (Au sujet du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen)
Cette citation, l’une des plus célèbre sans doute de Jean-Pierre Raffarin est souvent incompréhensible faute d’une ponctuation correcte. Mais à l’écoute, et on peut le vérifier sur cette petite vidéo, il n’y a pas de doute : le oui et le non doivent s’affronter pour que le oui puisse l’emporter sur le non. Pas de vérité sans preuve – et la meilleure preuve est la réfutation de l’opinion opposée.
- Permettez au Poppérien que je suis de protester. Cette méthode permet de montrer que la thèse examinée est provisoirement vraie, tant qu’on n’aura pas trouvé une réfutation plus décisive. On ne possède pas la vérité, mais seulement la vérisimilitude.
Mais après tout qu’importe ? Popper parlait de science et notre Jean-Pierre parle politique : ce qui compte c’est simplement que sa thèse l’emporte sur la thèse adverse, et pour cela, qu’elle paraisse vraie est largement suffisant.
On est dans l’art de la conviction et non dans celui de la science.
Les philosophes connaissent bien cette alternative : depuis Platon elle permet d’opposer une certaine forme de pouvoir politique, celui des sophistes, au pouvoir de la science mûrement démontrée, celle du philosophe – celle de Socrate.
Imaginons : nous sommes sur l’Agora, Socrate est assis sur une marche. Vient à passer Jean-Pierre Raffarin.
- Socrate : Où vas-tu si pressé mon bon Jean-Pierre ?
- J-P Raffarin : Socrate, sache puisque tu le demandes, que je vais à l’Assemblée persuader les citoyens de conclure une alliance avec Corinthe.
- Socr : Pourquoi donc Corinthe ? Les corinthiens sont-ils plus vertueux que nous ? Vont-ils nous apprendre à devenir meilleurs que nous ne le sommes ?
- J-P Raf. : Quel enfant tu fais Socrate ! Ignores-tu que nous sommes en conflit avec Sparte, et que les Corinthiens possèdent beaucoup de trirèmes pour lutter contre nos ennemis ?
- Socr. : Par le chien ! Je savais bien tout cela, mais mon bon, je croyais que les élus du peuple étaient ceux qui possédaient l’art de rendre les hommes plus vertueux.
- J-P Raf. : Tu n’y es pas du tout Socrate. Notre art est celui de remporter la victoire dans le combat. Et ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est vaincre les spartiates.
- Socr : Et pour ça tu comptes sur les Corinthiens ? Et si ces gens étaient corrompus jusqu’à la moelle ? Et si ils étaient des ennemis de la démocratie ?
- J-P Raf.: To win against the Spartiates, strength is better than truth and equity.
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