Sunday, June 28, 2009

Citation du 29 juin 2009

Presque tout ce qui va au-delà de l'adoration d'un Être suprême et de la soumission du coeur à ses ordres éternels est superstition.

Voltaire – Dictionnaire philosophique

Quelle est cette étrange prétention de la superstition à aller au-delà de l'adoration d'un Être suprême et de la soumission du coeur à ses ordres éternels ? Peut-on seulement penser un tel au-delà ?

Hé bien, la réponse va de soi : au-delà de l’adoration et de la soumission il y a la volonté de commander à l’Etre suprême.

Et précisément, c’est bien là l’essentiel dans la superstition : car se livrer à des rites bizarres pour obtenir ou pour éviter tel ou tel évènement relève de la certitude qu’on peut gouverner les décrets de l’Être suprême – ou du Destin ce qui en est l’autre nom. C’est d’ailleurs selon Bergson ainsi que de définit la magie.

La religion catholique, pour ne parler que de la religion que je connais le moins mal laisse d’ailleurs une place considérable à la superstition telle que définie par Voltaire : le culte des saints, les pèlerinages,etc… le montrent aisément. Du reste, on sait qu’à la Révolution, le mot de religion était systématiquement remplacé par celui de superstition (1)

Reste à savoir si la définition de la superstition permet d’établir réciproquement celle de la religion : suffit-il d’adorer un Être suprême et de se soumettre du coeur à ses ordres pour être religieux ?

Selon Durkheim, un élément capital manque : c’est le collectif. Une religion, nous dit Durkheim, suppose une communauté morale, sans la quelle elle ne saurait exister. Toute relation personnelle entre Dieu et le fidèle se découpe sur le fond de cette pratique.

Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives a des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent (Durkheim – Les formes élémentaires de la vie religieuse Livre 1, I, 4)

Quand les Eglises sont vides, Dieu est mort.


(1) Occasion de rappeler qu’on reconnaît une révolution à ce qu’elle va jusqu’à révolutionner le langage.

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